Aphelion, vous connaissez ? Probablement pas, à moins d'être très au fait de ce que l'Italie engendre comme virtuoses. Par contre, si je vous dis Derek Sherinian, là, vous connaissez... Non ? L'ancien clavier de Dream Theater ! Mais si, le clavier de Planet X ! Bon je vois que vous connaissez. Eh bien figurez vous que l'album des surdoués d'Aphelion a été mixé par Derek Sherinian. Etonnant, non ? En fait, lorsque l'on a posé une oreille sur ce disque, on comprend parfaitement l'affinité potentielle entre DS et Aphelion.
Car comment ne pas rapprocher Aphelion de Planet X ? Un Metal Progressif très Jazz Rock, au point que la catégorie devient secondaire tellement il est possible d'en changer d'un passage à l'autre. Donc, ne vous fiez pas trop à l'appellation, restriction obligatoire de notre monde étiqueté, et laissez de côté les barrières de vos goûts bien répertoriés pour quelques dizaines de minutes, vous pourriez ne pas le regretter. C'est ce qu'il m'a fallu faire pour passer le cap des premières écoutes de cette musique que je croyais une et qui s'est avérée plusieurs.
Un album sans chant est difficile à apprécier car il va reposer sur une dimension de moins que ceux avec, et donc risquer d'être lassant. Première réussite d'Aphelion, cet album est tout sauf cela. La richesse des thèmes, leur nombre va même vous demander plusieurs écoutes avant d'avoir le sentiment d'assimiler ce qui est proposé. Mais, et c'est là une des grandes qualités de ces titres, Aphelion nous offre d'écouter facilement de la musique difficile. Oui, vous avez bien lu. Ce qui est souvent réservé à une élite (appelons comme ça une minorité, ça ne vexe personne et ça ne mange pas de pain…) vous est donné ici de façon abordable, sans qu'il soit possible de dire pourquoi. Juste que les thèmes vous parlent, se mémorisent, vous plaisent par leur groove, leur mélodie, leur simple complexité.
Ecoutez "Orbit Out", paradoxal titre simple et riche, qui fait dire bravo, ils sont arrivés à me faire écouter et apprécier. Si vous avez besoin de quelques références, je citerais, outre Planet X, des passages rappelant immanquablement UK version sans guitare (Les claviers d'Eddie Jobson se retrouvent chez Alessandro Bertoni) ou Dream Theater dans quelques riffs bien pensés. Quelques interventions de basses fretless (Sebastiano Pozzobon, quel bassiste, mais quel nom !) m'ont laissé pantois. Les spécialistes y reconnaîtront peut-être une influence de Jaco Pastorius.
Même si cet album n'entre pas dans la catégorie des historiques (il s'agit là de goût plus que d'autre chose), force est de reconnaître que Franticode m'a fait aimer une musique qui habituellement me rebute. Le talent de ces Italiens surdoués n'y est pas pour rien, et Derek Sherinian ne s'y est pas trompé, s'investissant dans le projet de ces inconnus… jusqu'alors.