Ah comme le temps passe ! Et la musique n’échappe pas à ce phénomène. L’évolution, le progrès, encore, toujours… Si j’attire votre attention sur ce point, ce n’est pas que je regrette de jeunes années que je vis encore, c’est surtout un constat qui s’est forgé dans ma tête à l’écoute du nouveau Driver, paru 21 ans après son prédécesseur. En effet, je ne pense pas m’avancer beaucoup en disant que, s’il était paru en 1988 ou 1989, comme c’eut du être (5 chansons sont issues d’une démo de cette période), cet album aurait eu un impact bien plus considérable qu’en 2008, ou certains jugerons, à raison, le son et les compos datées.
En 1987, sort "Project : Driver" pas encore sous le nom de Driver, mais qui déjà regroupe Rob Rock et Tony Mac Alpine, bientôt suivi par une demo qui verra Roy Z intégrer le groupe à la place du susnommé guitariste. Entre temps les deux personnages auront les carrières que nous connaissons, à savoir des collaborations avec Avantasia, Axel Rudi Pell, Joshua pour le premier et avec Dickinson, Halford, Helloween, Judas Priest pour l’autre. Rien que ça. C’est donc logiquement que "Sons of Thunder" présente un Metal Melodique teinté de tous ces noms, et surtout d’un son très 80’s qui renvoie parfois à Van Halen.
Musicalement, c’est presque un sans faute. Titres incisifs et speed ("Wind of March", "Sons of Thunder"), balades plutôt honnetes ("Change of Heart", "I Believe in Love"), l’album ne cherche jamais l'inspiration bien loin et atteint ses objectifs minimalistes avec brio, compte tenu du niveau des protagonistes. La guitare de Roy Z illumine l’album, et le chant de Rob Rock est puissant et mélodique, à rapprocher de celui de Dio. Il serait injuste de ne pas citer également une section rythmique inventive, qui empêche l’album de tomber dans la lourdeur. Les mélodies vont d’agréable à imparables (sur "Titans of Speed"), mais tous les titres se laissent écouter. On se surprend même à fredonner "Never Give Up" pendant la journée. Refrains solides, guitare mélodique, chant à propos, cet album affiche une réussite insolente.
Si le fond est très attirant, la forme l’est parfois moins. On reprochera parfois une production qui manque de puissance (moi j’adore, mais c’est personnel…) et le manque cruel d’originalité qui rebutera de nombreux amateurs d’innovation qui auraient peut être préféré voire de telles pointures faire avancer le genre plutôt que de livrer des albums nostalgique et inscrits dans le passé.
Voilà donc un album qui n’aura pas le même impact sur tout le monde. Si vous considérez que les artistes doivent créer et aller de l’avant, cet album ne sera pour vous qu’un modeste « Metal mélodique pour les nuls », avec la ballade classique, les titres des chansons stéréotypés.... Si, comme votre serviteur, vous appréciez toujours de tomber sur une petite pépite, pleine de bons moments, même si elle ne révolutionnera pas la musique, cet album est pour vous. Et plutôt deux fois qu’une.