Nouveau venu sur la planète rock, OTR (On The Rocks pour les intimes) est en fait la nouvelle entité créée par deux vieux baroudeurs évoluant aux confins du progressif (et de l'univers), j'ai nommé John Lawton, ancien chanteur d'Uriah Heep dans les années septante entre deux passages chez nos cousins germanophones de Lucifer's Friend, et Jan Dumee, dernier guitariste en date du légendaire Focus néerlandais. Parallèlement à cette activité, ce dernier a également développé une activité en solo, aux confins du rock et de la world music, qui l'a notamment amené à une tournée brésilienne, durant laquelle il a rencontré trois surdoués locaux … vous l'aurez compris, ceux-ci complètent aujourd'hui le line-up du groupe dont il est question dans cette chronique.
Passées les présentations pour le moins alléchantes eut égard au pédigrée des différents membres d'OTR, reste maintenant à vérifier si le ramage correspond bien à tout ce plumage.
Les premières mesures de Ghetto vont rapidement plonger l'auditeur dans une ambiance plutôt sympathique pour nos oreilles exigeantes : une rythmique bien balancée, un orgue Hammond omniprésent, des percussions exotiques et la voix familière de John Lawton au service d'un titre sentant bon le passé. C'est techniquement très propre, et les interventions tranchantes de guitare de l'ami Dumee (pour la rime) font plus que nous mettre en appétit. Suit Taking you Down qui, sans présenter la moindre once d'originalité (la ligne de basse est tout bonnement la même que celle de Rosa's Cantina de Deep Purple), nous renvoie aux vertes années du Heep et de Deep Purple justement.
Et puis, et puis me direz-vous ? La désillusion, avec une collection de titres sans inspiration, sans intérêt, qui rappelleront aux auditeurs les après-midi musicales de FIP où s'enchaînaient les titres propres à faire monter l'ennui total. Hello tout d'abord qui, loin des promesses de son titre, n'interpellera personne, donnant l'impression que le groupe s'ennuie à mourir dans un slow-tempo qui n'est sauvé que partiellement sur la fin par des chœurs gospels. Dans la même veine, Shine nous propose une ballade sirupeuse et pitoyable, tandis que Steal the Night n'en finit plus de finir, pour atteindre 7 minutes d'ennui mortel ; les mélodies sont d'une telle pauvreté que l'on en vient à ne même plus remarquer le travail et la finesse pourtant remarquable des instrumentistes. Dans un registre légèrement supérieur, on retiendra tout de même un bluesy Face to Face, ou encore le titre éponyme, Mamonama, dynamique à souhait, mais malheureusement terni par des chœurs d'un autre âge (vous savez, les ouh ouh ouh yeah !). Enfin, l'album se termine tout de même en beauté, avec un Woman qui aurait toutefois mérité plus de développement que ses 3'20, proposant un croisement entre The Doors et des passages rythmés par les percussions brésiliennes sur lesquels Jan Dumee fait admirer tout son talent de guitariste.
Pourtant parti sur de bonnes bases, et fort d'un potentiel plus qu'intéressant, Mamonama est au final une déception. Malgré des instrumentistes de très haute tenue, la dynamique espérée de la fusion du rock seventies et de la touche world brésilienne retombe finalement comme un soufflet, la faute à des compositions globalement peu inspirées, engendrant frustration et ennui. Et pour compléter le parallèle esquissé en début de cette chronique, j'affirmerai sans complexe qu'OTR est encore loin de se présenter comme le Phénix des hôtes de ces bois.