En 2005 Vivian Lalu avait sorti un Oniric Metal assez inégal mais recelant de véritables pépites de métal progressif aux multiples influences. Cinq ans après, le français fait de nouveau parler de lui avec son nouveau projet, Shadrane, pour l’album Temporal.
Remaniement profond du line-up par rapport à Lalu et arrivées de plusieurs pointures du métal en général pour venir porter ce nouvel album. Tout d’abord, Martin Lemar, l’auteur et principal chanteur de Lalu ne se cantonne plus qu’à quelques chœurs. La section rythmique qui accompagne Lalu est un choix sans risque quand on connait le pédigrée des frères Bissonnette, Matt à la basse et Greg à la batterie (Joe Satriani ou David Lee Roth pour ne citer qu’eux). A la guitare, le reconnu hollandais Joop Walters est secondé sur certains morceaux par le guitariste qui commence à faire son trou, Marco Sfogli (James Labrie). Le chanteur principal est Goran Edman qui a chanté pour Malmsteen entre autres. Pour finir, on notera la présence au chant de Bjorn Jansson (Tears of Anger) sur deux morceaux. Ce chanteur très proche de Jorn Lande avait impressionné un certain nombre d’auditeur, dont votre serviteur sur le Beyond Twilight Section X.
Vous l’aurez compris, le prestige de la majorité de ces musiciens fait de Temporal un disque qui suscite l’intérêt avant même l’écoute.
Le concept de Temporal a germé dans l’esprit de Vivian Lalu pendant de nombreuses années. Il est basé sur une histoire dont on ignore la véracité mais qui se déroule dans les années 40, en pleine guerre mondiale. Les lieux, les dates et les évènements ajoutent au caractère vraisemblable de l’histoire. Une version complète de l’histoire est disponible sur le site de Shadrane et des passages de ce scénario sont contés à certains endroits du disque. Les titres des chansons font d’ailleurs référence à des moments clé de cette histoire.
Par rapport au Oniric Metal de Lalu, pas de titre à rallonge, on se cantonne à un maximum de 5 minutes 30. La concision a la vertu de rendre le disque très digeste et l’énergie inhérente est intacte du début à la fin de chaque morceau.
Les introductions font la part belle au claviériste Vivian Lalu, qui utilise énormément le piano dans ces interventions. Son travail d’orchestration est extrêmement méticuleux avec l’ajout de cordes ou de nappes dans la majorité des titres ; « I Remember » en fait l’indiscutable démonstration. On retrouve diverses influences dans ce disque qui reste cependant très fidèle à la patte déjà présente dans Oniric Metal. La plus importante est sans doute Ark (« She Writes », « Rainy » ou « Morpheus ») avec ce savant mélange de riffs destructeurs et de mid-tempos sur-vitaminés. La deuxième influence est Beyond Twilight, avec notamment « I Remember » ou « Manzanar». Enfin on retrouve du Symphony X dans « Gallery 2008 ».
Les refrains sont très puissants et mélodiques, bien appuyés par des chœurs de qualité et les montées de l’excellent Goran Edman (« Madoka », le magnifique « Consider It »). La présence de trois courts instrumentaux vient parfaitement aérer le disque avec le plutôt aérien « Requiem For A Rose », un bon métal prog des familles, puis « Betrayal » qui voit Lalu et la section rythmique se faire plaisir, et enfin une joviale instrumentale très "vaienne" période FlexAble, « Babies in the Bath », qui laisse Joop Wolters démontrer tout son talent et son toucher. Joop Wolters qui du reste n’intoxique pas l’auditeur de soli outranciers. Il sait placer quelques excellentes séquences qui restent assez rares, les rendant plus appréciables. Ses duels avec le clavier dans « Temporal » et « Lanternes Dance » sont d’anthologie. Faire un détail exhaustif de chaque titre serait bien trop long tant les nuances et les ambiances sont multiples. A vous le soin de découvrir la réelle qualité des titres.
Vivian Lalu a gardé le meilleur de son précédent album pour accoucher de ce Temporal de toute beauté. Le choix des musiciens est très judicieux, et retrouver la frappe et les grooves des frères Bissonnette est un réel bonheur (mention spéciale pour « Morpheus »). Belle découverte que ce Shadrane, direct, varié et dense. J’espère que vous prendrez autant de plaisir que j’en ai pris à l’écouter. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire une des sorties majeures de cette année dans le style qui est le sien.