A peine passée la vingtaine d'années que ce jeune quatuor Suédois en est déjà à son deuxième album. Et excusez du peu, celui-ci est tout de même signé chez Century Media. Treize mois tout juste après la sortie du plutôt prometteur "Infamy and the Breed", les voici donc de nouveau en selle avec dix nouvelles compositions dans leurs cartables.
Les aspirations futuristes de Zonaria sont toujours présentes. "The Cancer Empire" reste dans la même veine que son prédécesseur, à savoir un Death légèrement saupoudré de Black, aux élans modernes et mélodiques. Il aurait été d'ailleurs assez étonnant si peu de temps après leur dernière sortie, et étant donné qu'aucun changement de line up n'ait été observé entre temps, que la jeune formation ait changé radicalement son fusil d'épaule. Là, au pire, le canon aura été soigneusement lustré. Pas de surprise donc, on repart à la chasse au même gibier que l'année dernière, en empruntant les mêmes sentiers ouverts par les anciens, à savoir les Hypocrisy, Dimmu Borgir et autres Dissection. Pas besoin de faire une analyse du lait pour voir d'où vient la contamination, le veau est encore sous la mère.
Zonaria délivre un death metal à la rage contenue, parfois même quelque peu trop lisse voire téléphonée. Ainsi, des morceaux comme "Damnation Dressed In Flesh", à la structure ultra convenue et affichant pour prime ambition l'efficacité pure se retrouvent rapidement dans la case remplissage.
Le potentiel est pourtant bien présent, avec des titres tels que "Praise the Eradication", alliant des refrains qui font tilt au sein d'architectures typiquement Hyprocrisy-iennes. Les grosses bastos death metal sont régulièrement entrecoupées de passages plus atmosphériques. Si ceux-ci sont dans l'ensemble plutôt agréables et bien sentis, ils se retrouvent parfois littéralement flingués par une grosse rythmique lourdingue qui revient à la charge et écrase maladroitement son volumineux séant dans la soie, comme sur par exemple "At War With The Inferior" rendant le morceau finalement poussif et pénible.
Le travail sur les vocaux est très appréciable, les tonalités sont multiples. Les voix sont sporadiquement superposées les unes aux autres, passant des growls death, aux cris black et aux chants clairs, le tout à la saturation variable. Ces fluctuations élèvent souvent le débat sur des compositions aux couleurs finalement assez similaires et aux mélodies dans l'ensemble assez simplistes.
Un petit goût d'inachevé, de "pourrait mieux faire si il s'en donnait la peine" m'assaille invariablement au fil des écoutes de "The Cancer Empire". En définitive on se retrouve avec une réalisation assez froide mais surtout finalement pas mal "cheap", non pas dans la production qui est d'excellente facture, mais bien dans les compositions qui semblent significativement souffrir d'un manque de maturation. Si on leur en laisse la possibilité à l'avenir, Zonaria gagnera certainement à prendre le temps de la réflexion pour peaufiner son style et apporter un peu plus de substance à sa charpente, et ainsi pouvoir laisser s'exprimer pleinement son potentiel.
Règlée sur un rythme de pondeuse de batterie, même une poule aux oeufs d'or y laissera des plumes!