Les allemands de Tomorrow's Eve (TE) sont installés chez Lion Music depuis 2006 et se stabilisent, la formation n'ayant pas changé depuis leur dernier Opus, "Mirrors of Creation II – Genesis 2". Ce précédent travail avait trouvé un écho mitigé chez MusicWaves, Megadave ayant mis l'accent sur le manque d'originalité, notant néanmoins une qualité intéressante. Le groupe va-t-il enfoncer le clou avec ce nouveau concept-album ou au contraire affirmer une personnalité, denrée si importante dans ce style de musique qu'est le Metal Progressif ?
Concept-album ? Encore ? Oui ! Certes, le concept est fumeux – l'auteur vit dans le rêve, pas celui qui accompagne ses nuits, mais celui qu'il crée, lui et les substances qui vont avec – mais c'est le cheval de bataille de TE, alors…
Passée l'introduction de moins d'une minute qui lance le sujet, 10 titres s'enchaînent, avec en conclusion un 'Muse' de 19 minutes. A la première écoute, c'est puissant, plus Power Metal qu'autre chose, assez dark, pas trop quand même... Mais cette impression va se modifier avec les écoutes, et le tout va s'affirmer, se révéler. A noter que le liant conceptuel est assuré par une voix parlée qui semble répondre à une interview, un peu comme Emile Jacotey, pour ceux qui connaissent leur Ange de l'ancienne époque.
Sous ses abords simples, "Tales From Serpentia" (TFS) cache bon nombre de petites surprises, des variations infimes qui en font la richesse. Mais pourquoi cet aspect simple alors ? C'est que les mélodies sont assez classiques, comme par exemple dans 'Dream Diary', ou vous aurez le sentiment de connaître certains passages… Et vous retrouverez cette sensation tout au long des 70 minutes ou presque. Mais cela n'enlève rien à l'intérêt de l'ensemble, car vous découvrirez, caché dans les recoins de chaque morceau un petit détail qui donne de la profondeur. Et certains titres sont particulièrement réussis, comme 'No Harm', bien planté, 'Remember', ballade rageuse qui fait mouche, 'The Tower', au riff ravageur et aux thèmes variés et 'Muse', pièce maîtresse de cet album qui est une sorte d'assemblages de morceaux en un seul, avec des redites de la voix parlée.
Evidemment, difficile de ne pas comparer TE à ses confrères au premier rang desquels se trouve Dream Theater ('Muse' notamment illustre cette comparaison). Un DT simplifié ? Oui, peut-être. Mais aussi de Symphony X pour la voix de Martin LeMar. Mais j'ajouterais volontiers des influences Hard-Rock en général, allusion aux thèmes déjà entendus évoqués plus haut.
Finalement, "Tales From Serpentia" est un album attachant plutôt qu'une révolution. Je rejoins Megadave sur l'absence de réelle originalité chez TE. Et c'est le lot de nombreux groupes de Metal Progressif. Mais il n'empêche que cet Opus a de la tenue, une dynamique, qui n'est pas sans rappeler le Dominici de O3. La note reflète le plaisir que j'ai eu à écouter cet album, pas ses caractéristiques intrinsèques. Le prochain album de TE apportera-t-il cette originalité qui lui manque tout de même cruellement ? Wait and See…