Beaucoup d'instruments, beaucoup d'imagination, et des sonorités juteuses. Que demander de plus ? Taal a beaucoup écouté Pink Floyd, pour en tirer un sens de la mise en scène et de l'abstraction parfait. Taal a probablement écouté du jazz pour en tirer une telle liberté de vues. Taal a beaucoup écouté de metal pour en tirer cette décadence de rythmes et d'accords plaqués.
Dans Taal, il y a des sons déments. Des violons et flûtes plus proches de Barbès que de Vienne : un enchevêtrement de sonorités orientales. Avec en permanence une guitare gueularde à souhait pour soutenir l'ambiance. La voix éthérée murmure en fond, ne s'exprime que comme un instrument parmi tant d'autres. Au résultat triomphe un son unique dont la moëlle du tronc se nourrit de tous les instruments.
Taal devient parfois complètement fou. Des sons et tambours de clowns pendant que le chant dégrade à volonté la musique vers le comique le plus jouissif. On pense tantôt aux excentricités d'un Frank Zappa au pays de l'or noir, tantôt à un Chick Corea adhérant à la Magna Carta, tantôt à un Mr Bungle déjà ressuscité.
Pour être ronchon et pénible, on pourrait dire que les six morceaux de l'album se ressemblent vraiment beaucoup. On préfèrera considérer que c'est un disque homogène, qui sait transcender d'un bout à l'autre la décadence héritée des artistes les plus débridés de ces derniers siècles.