Récupéré in extremis de l’impitoyable plume d’Orkblut, c’est à monsieur « métal extrême édulcoré » qu’incombe la lourde tâche de vous parler de ce premier album improbable des canadiens. Lourde tâche parce qu’en voulant jouer la carte du second degré, les membres de Blessed By a Broken Heart s’auto-handicapent incroyablement.
En effet, si le nom du combo n’annonce rien de transcendent bien au contraire, un coup d’œil, même furtif, à la pochette aux logo et artwork très typés 80’s et leurs couleurs fluo désuètes, peut laisser augurer du pire. Enfin, les courageux qui ont poussé le vice jusqu’à aller vérifier le look du combo, sorte de croisement entre Motley Crüe pour les plus âgés d’entre nous et Tokio Hotel pour les plus jeunes n’auront pas forcément la témérité de pousser la curiosité plus loin… Car avouons-le franchement, toutes ces constatations extra-musicales sont autant d’arguments pour faire fuir tout amateur de musique qui n’apprécierait pas le second degré, surtout dans la musique. Ces derniers vous diront qu’il ne faut pas mélanger les genres, laissons la musique aux musiciens et l’humour aux humoristes ou bien c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres !
Pourtant, ceux qui auront réussi à faire abstraction de toutes ces considérations contextuelles ne pourront qu’être plus qu’agréablement surpris et petit à petit se laisser prendre au jeu de titres entraînants. Ils découvriront ainsi une musique alliant dynamisme et une certaine originalité ce qui assez rare pour être souligné. Imaginez donc tous les clichés du glam rock, big rock et métal des 80’s en général réunis, sur lesquels se posent quelques soli très axé guitar hero du bien nommé « Shred » Sean Michael Maier, (dont la pige récente chez Into Eternity démontre l’étendue du talent du bonhomme) agrémentés de quelques lignes métalcore contemporaines et surtout un clavier aux sonorités très… Harold Faltemeyer. Pas étonnant dans ces conditions de voir les canadiens reprendre à leur sauce le fameux « Axel F. » de la B.O.F. du « Flic de Berverly Hills ». A cet égard, des titres comme le détonant « She Wolf » ou encore les improbables « She’s Dangerous » que n’aurait pas renié M. Pokora ou encore « Move Your Body » avec ses intonations dance, emporteront l’adhésion des plus sceptiques.
Pour conclure, après un mini-LP remarqué, Blessed By a Broken Heart nous livre onze titres hautement énergiques bénéficiant de la production haut de gamme de GGGarth (Red Hot Chili Peppers, Kiss, Slipknot, Motley Crüe… tiens, tiens !). Gageons que si ils venaient à profiter du fameux petit coup de pouce des diffuseurs, les canadiens pourraient bien trouver ce qu’ils cherchent, à savoir un large public.