Attention, question pour un CHAM-PION … c'est parti :
Né en 2006, j'ai participé en cette année 2008 aux 3 principaux festivals bretons, à savoir l'Interceltique de Lorient, les Cornouailles de Quimper, mais aussi les Vieilles Charrues à Carhaix. Composé de 2 gars / 2 filles évoluant aussi bien aux côtés des stars de la musique bretonne traditionnelle (Alan Stivell, Didier Squiban, Dan Ar Braz entres autres) que dans des groupes de rock, ou encore aux côtés de chanteurs français bien connus, je présente une section mélodique 100% féminine, composée d'une guitariste multitâches et surtout d'une électro-harpiste. Présentant mon premier album Mara chez Keltia Musiques, 1er label français de musiques bretonnes et celtiques, je suis, je suis … Sylbat ! Les présentations ainsi faites, il ne reste plus qu'à déguster la musique de ce groupe dont la composition et le pédigree de ses différents membres annonce quelques moments de pur bonheur totalement instrumental.
Dès l'entame de l'album, Bull Machine annonce la couleur : la section rythmique solide, avide de précision, met en place un thème plutôt répétitif bien qu'évolutif, sorte de basse continue sur laquelle viennent dialoguer l'electro-harpe de Clotilde Trouillaud et les guitares d'Hélène Brunet, à la manière d'un groupe de jazz en train d'improviser un bœuf. Aux sonorités traditionnelles de la harpe répondent les enluminures pleines de distorsion de la guitare. Le tout se marie à merveille et nous transporte dans un univers à la fois simple et complexe, montant en puissance au fil des minutes. Le décor est planté, et la recette va se répéter avec bonheur tout au long des 10 titres.
Les deux plages suivantes, Gigue Hantesque (sic !) et Magmafrica vont nous amener, sur une rythmique initiale sautillante similaire, vers des rivages aux sonorités traditionnelles dans la mélodie, mais avec un travail magnifique du duo masculin, introduisant avec grande justesse des rythmiques impaires qui donnent à la musique de Sylbat un véritable un aspect progressif. Menn s'avère ensuite plus sombre et torturé, proposant notamment quelques envolées de guitares aux relents floydiens des 70's. Véritable sommet de l'album, ce titre aborde en un peu plus de 5 minutes tous les styles révélés par le groupe : bretonnisant, jazzy, progressif tordu façon King Crimson, le tout juxtaposé avec réel bonheur ! On en souhaiterait presque un développement un peu plus conséquent.
Après un Androïde dans la même veine, le court et bien nommé Transfert aborde ensuite un basculement vers la deuxième partie de l'album qui, au long de ses quatre derniers titres, propose des accents plus acoustiques, mettant particulièrement en valeur la sensibilité de la harpe. L'accompagnement se révèle plus jazzy (Tour d'Ivoire), tandis que la mélodie fait la part belle aux rythmiques de danse traditionnelle.
Séduisante à la fois pour un public amateur de tradition bretonne, mais aussi pour les adeptes de jazz ou de progressif, la musique de Sylbat se déguste oreilles grandes ouvertes. Avec Mara, le groupe réussit à merveille la fusion de tous ces genres, et devrait séduire plus d'un amateur de musique qui parle aux sens. Seul le côté 100% instrumental peut amener une très légère lassitude quant aux sonorités employées. Néanmoins, cela s'avère bien insuffisant pour dénaturer tout le côté inventif et jubilatoire de cet album, bien entendu hautement recommandable.