2004 fut l’année au cours de laquelle Holy Pain commença son histoire dans le monde du métal. Après plusieurs changements de personnels (vraiment peu de groupes peuvent se vanter de n’avoir jamais connu ce genre de situation) et un premier album intitulé "Last Sigh" (diffusé sur la toile par le biais du site Jamendo), Holy Pain se voit enfin distribuer par le label Thundering Records pour promouvoir sa nouvelle production, "Among Religions".
Le quatuor lyonnais a déjà reçu des critiques favorables à l’égard de "Last Sigh" composé en 2005, dont les huit titres sont, je le rappelle, disponibles en téléchargement sur Jamedo (et au passage, n’oubliez pas un petit don de temps en temps, aussi bien pour assurer la qualité du site que pour la reconnaissance des artistes qui en ont souvent bien besoin). Le groupe engendra les compositions de l'album "Among Religions" l’année suivante, mais le départ du guitariste soliste de l’époque plongea Holy Pain dans un silence forcé pendant plusieurs mois. Enfin, l’arrivée d’Hugo Guy fin 2007 remis la carrière du groupe sur les rails fort de sa signature avec la maison de disque suscitée.
Après ces périodes mouvementées, seul un travail acharné pouvait être bénéfique à Holy Pain. Et de ce côté, il en va d’une franche envie de prouver que ces quatre musiciens peuvent en mettre plein les oreilles à un public qu’il faut encore conquérir. Les neuf titres de cet opus accrochent particulièrement le bitume, grâce en premier lieu à des rythmiques précises et tranchantes, puisées dans le maelström des écoles métalliques allemandes et scandinaves. Le heavy / speed métal propagé par Holy Pain se révèle donc assez technique, complété par la touche néoclassique que le soliste très doué en la personne d’Hugo Guy se permet d'amener au premier plan. Cette orientation sur les guitares frappe à la première écoute de "Among Religions", au point d’en faire son véritable point fort.
Les titres s’enchaînent aux confins d’une réelle intensité, très propice à rompre toute forme de prosaïsme. En effet, les riffs en forme de couperets et les nombreux breaks offerts sur "Childrens Of War", "Among Religions" ou encore "Evolution / Revolution" laissent appréhender toute la puissance et donc l’impact direct que ces compositions sont susceptibles de provoquer en format "Live". Même si les influences d’Holy Pain sont affichées sans aucune hypocrisie (Judas Priest, Angra, Running Wild et même le Kamelot des débuts), le groupe en tire fort bien partie et surtout au niveau du chant. Le métal néoclassique fait souvent l’apanage de lignes claires et haut perchées, mais ce combo possède en son guitariste/chanteur un atout non négligeable de part sa tessiture légèrement éraillée mais suffisamment puissante.
Cependant, ce tableau quasi idyllique ne manque pas de s’assombrir avec en ligne de mire un mixage pour le moins étrange… Comment expliquer le retrait du chant (pourtant puissant) par rapport aux guitares et à la batterie ? Ou est le bassiste ? Pas franchement absent, mais noyé encore une fois sous les effluves six-cordesques (saisissant sur "My Desire"). C’est vraiment dommage, car ce mix des plus approximatif finit par nuire à la qualité des compositions, surtout après plusieurs écoutes. D’autant plus que dans la branche heavy à tendance néoclassique, la production revêt un caractère très important sur l’équilibre à réserver aux différents instruments. Faut-il encore dire quelques mots à propos des notes de synthés en guise d’introduction au titre "Another Day" ? Et bien oui, surtout pour en souligner les manques d’ampleur et de relief… Mais fort heureusement, ce type de passage n’est pas légion sur "Among Religions".
Malgré ces désagréments concernant la production d’ensemble, cet album reste tout de même une carte de visite prometteuse et très encourageante. Holy Pain en a encore sous la pédale et sait se montrer particulièrement mordant et concis en instrumental ("Monster’s March" en est un exemple flagrant). Toutefois, la concurrence étant rude dans l’univers métal et afin d’engranger un maximum d’atouts de son côté, Holy Pain doit nettement mieux peaufiner le son de ce qui sera certainement sa prochaine livraison discographique. Car avec un tel potentiel et cette qualité d’écriture, un nouvel essai risque de bien vite se transformer en coup de maître.