Après trois albums de haute volée, salués par la critique et par un public sans cesse croissant, Psycroptic décide de faire les choses en grand en s’offrant pour la réalisation de sa quatrième galette les services du géant Allemand Nuclear Blast. Signature étonnante si l’on s’en réfère au catalogue du label mais consécration logique pour ce groupe Australien qui nous sort avec ce « Ob(servant) » l’un des albums de l’année dans son style, tout simplement !
Son style ? Un death metal très technique aux lignes de six cordes véloces et racées, un death metal parfois virtuose (« Horde In Devolution ») au sweeping délicat insolent de précision, au shreds incisif ciselé au laser, à la fois brutal et exécuté tout en finesse avec une précision impressionnante à laquelle rend magnifiquement hommage la production d’une clarté impeccable. Celle-ci rend l’écoute de l’album très confortable en laissant chaque instrument trouver sa juste place malgré la grande complexité des morceaux.
Chaque compo est un puit de riffs, de détails mélodiques, de moments catchy pour aérer et faciliter la digestion et de mesures prodigieuses chevauchant quelques contre-temps astucieux. Malgré la grande densité des morceaux ceux-ci parviennent à s’incruster insidieusement dans notre mémoire grâce aux nombreux breaks plus accessibles, habilement distillés par le groupe tout au long de l’album. Psycroptic ne fonce pas bêtement tête baissée et évite pour le plaisir de l’auditeur peu avide de performances stériles de tomber dans le démonstratif privilégiant une certaine forme d’efficacité malgré un song writting à tiroirs. Evidemment les sections très haute vitesse existent mais elles sont cassées par le riffing très varié qui impose de nombreux changements d’atmosphères et de rythmes auxquels David Haley répond à la perfection derrière ses fûts. Sa prestation est remarquable de précision et de créativité.
Non content de varier l’agression musicale, nos Australiens concoctent d’autres instants plus posés, des moments plus éthérés, tout en ambiances lourdes et planantes, inquiétantes et apaisantes qui font leur petit effet avant la déferlante suivante. Ainsi les fins atmosphériques de « A Calculated Effort » et « Removing The Common Bond » parviennent sans s’éterniser à créer un climat qui confère à l’album une certaine profondeur qu’il n’est pas si fréquent de rencontrer dans ce type de productions.
« Ob(servant) » est un album riche, réfléchi, intelligemment élaboré afin d’être toujours captivant et surprenant. Un de ces albums qui ne s’offre pas au premier venu mais réserve toute sa saveur à celui qui aura la patience de laisser chaque composition dévoiler ses richesses au fil d’écoutes toujours généreuses en découvertes multiples. Inventivité, maîtrise absolue du sujet, feeling, song writting tortueux, technique instrumentale irréprochable, énervante, que demander de plus ? Rien, on est aux anges et ce n’est pas si fréquent !