Avec "What Hell Is About" (2006), les marseillais de Dagoba avaient confirmé les espoirs placés en eux depuis leur premier album sorti en 2003. En effet, le groupe avait su franchir un palier pour proposer un disque de power thrash métal de qualité et ainsi se placer aux côtés de Gojira dans le clan assez fermé des groupes français qui parviennent un se faire un nom hors de nos frontières, en jouant notamment avec In Flames et Metallica. Avec ce troisième album, « Face the colossus », la formation se devait de continuer à évoluer pour pouvoir se frotter à la rude concurrence de groupes comme Trivium, Gojira ou Avenged Sevenfold.
Rassurons les fans, ce nouvel opus reste dans la lignée des précédentes productions mais en proposant un contenu un peu plus mélodique avec des claviers mis en avant et une tendance à utiliser des vocaux plus soft. Attention : si le groupe a su évoluer, il a tout de même gardé sa personnalité en évitant notamment de tomber dans le piège de la mode métalcore et en conservant ses voix gutturales.
Le titre éponyme qui ouvre l’album est parfaitement représentatif de cette orientation. Il mise beaucoup sur l’alternance chant clair, chant criard avec des nappes de claviers évoquant le death mélodique. Cette tendance se confirme avec "Back From Life", sans doute le titre le plus évident de l’album qui semble avoir été fait pour viser une large diffusion. Le titre est chanté presque entièrement en voix claire et se trouve être d’une redoutable efficacité même si les parties de blast-beat très présentes détonnent un peu chez un groupe comme Dagoba.
La suite se présente comme une habile alternance des genres évitant tout ennui. Ainsi on passe de "Somebody Dead Tonight", titre bien rentre dedans rappelant un peu l’album précédent, à "The World In Between", première power ballade de l’album qui, à l’inverse de la seconde, un peu trop racoleuse et proche d’un Stonesour au niveau du chant, s’avère assez agréable à écouter.
L’album se termine alors avec un « Orphan Of you » bien violent, aux aspects black symphoniques du meilleur effet et aux vocaux particulièrement rageurs et inspirés, un
"The Nightfall And Its Mistakes" qui retrouve les aspects à la Fear Factory que Dagoba appréciait sur ses disques précédents avec des passages indus et une voix claire un peu inapproprié cassant un peu le rythme du titre, et enfin un "Sudden Death" qui boucle le disque de manière très efficace avec une batterie encore monstrueuse et un chant hurlé et saturé.
Dagoba signe donc avec « Face The Colossus » un disque certes sympathique mais un disque qui n’est pas la bombe que l’on pouvait attendre. Si le groupe parvient petit à petit à se créer son propre univers, il lui reste des progrès à accomplir pour pouvoir se hisser dans le haut du panier international métallique. Peut être serait-il bon de ne pas trop recourir à un chant clair stéréotypé et de ne pas noyer, au niveau de la production, les guitares derrière le chant et surtout les claviers. En attendant que l’énorme potentiel de Dagoba n’explose entièrement, cet album saura certainement faire patienter les fans les plus exigeants.