4 décembre 1971. Montreux, Suisse. Les membres de Deep Purple semblent partis pour passer une bonne soirée. En effet, ils assistent au concert de Frank Zappa au « Gambling House », au bord du lac Léman, concert incroyable mais également tristement célèbre. En effet, il se trouve qu’un spectateur eu la mauvaise idée de tirer une fusée dans le plafond mettant ainsi le feu à l’édifice. De cette anecdote, qui coûta tout de même $48 000 de matériel à Franck Zappa, naquit "Smoke On The Water", un des titres les plus connus de l’histoire du rock.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, "Smoke on The Water" n’est pas sorti en single, le premier étant "Never Before", qui démarre de façon plutôt groovy pour nous emmener dans un développement incisif et efficace. La marque de fabrique de Deep Purple, à savoir la complémentarité entre guitare et claviers, est parfaitement utilisée ici et transcende par ailleurs des titres comme "Maybe I’m A Leo" et "Lazy", composée en une nuit par un Blackmore à qui le reste du groupe reprochait sa fainéantise. Sur l'album, ce même Blackmore est virtuose, mais jamais envahissant comme trop souvent dans le Hard Rock et les joyeuses digressions de "Pictures Of Home" en sont juste jouissives.
On pourrait penser qu’une production plus minimaliste nuise à l’agressivité de l’album mais il n’en est rien. Même si le son n’est pas aussi nerveux que celui d' "In Rock", les titres comme "Space Truckin’" ou "Highway Star" sont des brûlots pleins d’énergie. Le premier était écouté par les astronautes de la mission Columbia de 2003, faisant de "Machine Head" un des rares albums à être allé dans l’espace. "Highway Star" est l’un des titres les plus réussis de l’album et ouvrira de nombreux concert de Deep Purple, dont le fameux "Made In Japan". Le solo de ce morceau speed (plutôt dominé par l'Hammond par ailleurs) reste l’un des plus emblématiques du talent et du touché de Blackmore. Il faut noter aussi que deux titres de cet album, à savoir "Lazy" et surtout "Space Truckin’", donneront lieu à de grandes improvisations en concert.
Il s’est trouvé des personnes pour juger "Machine Head" commercial, trop simple, loin des expérimentations des deux albums précédents. Cette vision des choses pourrait paraitre bien réductrice. Les morceaux sont peut-être un peu plus calibrés mais les développements sont toujours travaillés et chaque titre est bien mis en valeur par une production impeccable. Quoiqu'il en soit, "Machine Head" vous enchantera à coup sur par ses atmosphères Rock grandioses.