Encore inconnue récemment de MW en général et de votre serviteur en particulier, Emily Bezar n'est pourtant pas une débutante et fait partie de ces artistes qui nous prouvent chaque jour que nous n'aurons jamais fait le tour de tous les talents qui font encore aujourd'hui avancer le propos musical. Cette artiste, qui a grandi en s'abreuvant de Streisand, Earth Wind And Fire, Weather Report et The Clash, a chanté tour à tour Mozart, Ravel, Gershwin et Joni Mitchell. Il y a là de quoi attiser la curiosité d'un certain nombre de mélomanes.
Et pourtant, lorsque l'on écoute "Exchange", l'une des premières références qui vient à l'esprit est plutôt Kate Bush. Pour cette voix très travaillée et très expressive d'abord, pour le style de certaines compositions ensuite...
A titre d'exemple, bien que basé sur un rythme plus jazzy que ne les affectionne en général la grande Kate, le morceau "Heavy Air", dans sa seconde partie essentiellement, nous renvoie sans détours vers l'expressivité et le timbre de cette grande chanteuse.
Mais il serait injuste et trompeur de rester sur ce premier constat tant le style d'Emily Bezar reste très personnel, entre jazz omniprésent et explorations de styles et atmosphères qui lui donnent également sa place dans le milieu des musiques progressives et expérimentales.
En ajoutant à la structure classiquement rock de son groupe une section cuivres et en intégrant là-dedans son jeu pianistique tout en feeling et recherches harmoniques, Emily nous entraîne pendant plus d'une heure dans son univers parfois oppressant ("Saturn's Return"), souvent mélancolique et sensuel ("Exchange"), toujours jazz, jamais consensuel, nous poussant sans cesse vers de nouvelles surprises.
Il n'en reste pas moins qu'Emily Bezar se positionne en artiste difficile à saisir, qu'il faut découvrir au bon moment au risque de ne pas lui laisser sa chance et de passer peut-être à côté de quelque chose qui aurait pu devenir une relation durable entre l'artiste et le mélomane.