Les Suèdois frappent à nouveau. Pour ce dernier album, les Backyard Babies ont choisi de sortir un album éponyme. Curieux choix pour un groupe déjà très experimenté, dont la dicographie comporte six albums et plus d'une quinzaine d'Eps et singles.
Cette "omission volontaire" de titrer l'album peut avoir deux significations: un changement radical de line-up (ou de direction musicale), ou bien un retour aux sources... Que les fans de la première heure se rassurent, les musiciens n'ont pas changé et ils ne sont pas mis à la techtonique. Quelque soit l'évolution du groupe au fil des albums, les Backyard Babies ont toujours eu la même ligne de conduite, la même envie de faire un rock qui bouscule. On retrouve donc dans leur attitude, leur gestuelle et globalement dans l'image qu'ils renvoient un univers à dominante punk, atténué cependant par d'éparses touches de Glam et de hard Us. Un savoureux mélange d'énergie brute et de mélodies entêtantes qui a bâti leur succès depuis 1994. Ce dernier album tente donc probablement de rassurer le public qui plébiscitait les musiciens pour le minimalisme de "Diesel And Power" ou "Total 13", et de conserver celui qui soutenait les plus accessibles "Making Enemies Is Good" et " People Like People...".
C'est donc un retour aux sources avec un punk hard rock très efficace, à la rythmique soutenue et à la formation toujours minimaliste. Dans leurs débuts, et jusqu'en 2001 les musiciens étaient très peu connus en France ce qui ne les empêchait pas à l'époque de jouer dans de petites salles de province (la "Nef" d'Angoulême par exemple...) devant 30 personnes en y mettant autant de pêche que devant 2000 spectateurs. Voilà qui résume l'état d'esprit, la générosité et la folie de ce groupe que l'on retrouve d'ailleurs dans un premier titre ravageur intitulé "Fuck off and die".
Les morceaux suivant sont du même acabit et ont la particularité de s'enchaîner à la vitesse grand V. Une vitesse qui caractérise le fond comme la forme de l'album. Sur le fond, les titres vont vite, le tempo est soutenu et le jeu de batterie de Peder Carlsson transpire la rage et la sueur. Sur la forme, tout est condensé. L'album est court et les composition n'exèdent que rarement les 3 minutes 30, privilégiant ainsi l'efficacité sur l'orchestration. Si quelques faiblesses sont à noter dans l'accroche de titres tels que "Degenerated" ou "Voodoo love bow", l'ensemble puise malgré tout sa force dans une homogénéité sans faille et un sens du hit déconcertant, mêlant le rock traditionnel à l'humour (come undance) et à l'auto-dérision.
Musicalement, quelques notes de piano, d'éparses samples et de plus fréquentes parties de guitare electro-acoustique agrémentent le trio guitare-basse-batterie habituel. Le chant quant à lui est toujours un peu rocailleux, parfois monotone mais jamais faux ni désagréable. Il complète à merveille les trois instruments de base et s'adapte parfaitement au style du groupe.
Globalement ce dernier album est un compromis idéal pour quiconque désire allier la mélodie du hard rock à l'énergie du punk. Il permettra aussi à ceux qui n'étaient pas rassurés par le dangereux virage pop opéré par le groupe de se réconcilier avec lui. Certes moins "garage" que dans leur jeunesse, les Backyard Babies restent cependant - et ils le prouvent ici - un excellent remède contre les réveils matinaux difficiles. A prescrire à votre entourage...