A peine un an après "Hope", les avaleurs de soleil nous reviennent avec leur troisième effort. Effort dirons-nous, parce qu’à bien y regarder, "Plague Of Butterfly" tient plus de l’EP que d’un réel album. En effet, hormis le titre éponyme, les autres morceaux présentés ne sont que des rééditions de démos figurant par la suite sur l’album qui a réellement fait découvrir les Finlandais: "The Morning Never Came".
Démarche strictement commerciale pour surfer sur la vague d’un succès (relatif s’entend) du groupe ? Toujours est-il que ceux qui suivent les Finlandais, depuis leur tout début, n’auront à se mettre de nouveau sous la dent que le titre éponyme. Toutefois, ce constat négatif est largement atténué par le fait que ledit titre dure pas moins de 34 minutes. Quand on sait que bon nombre de groupes, mélodeath notamment, nous pondent des albums de la même durée, stigmatiser la démarche des scandinaves tiendrait plus de la mauvaise foi que d'une analyse objective.
Le premier volet du triptyque éponyme ouvre sur un "Losing The Sunset" qui navigue dans les eaux mélancoliques d’un doom atmosphérique à la Katatonia où le chant clair de Mikko Kotamäki n’a jamais été aussi représenté et surtout touchant. Le deuxième acte, "Plague Of Butterflies", déboule par une furieuse vague mélodeath prog tendant vers un black rageur, mélodique voire symphonique. Le final "Evael 10:00", après un break atmosphérique, reprend le rythme lancinant et plaintif là où il l’avait laissé dans le premier volet avec cet aspect rock toujours très typé Katatonia, avec toutefois une alternance de chants clairs et death.
Comme on peut le constater au travers de ce lourd pavé, Swallow The Sun repousse les limites d’une démarche qui pourrait se rapprocher du progressif, dans son sens le plus large, tant la richesse de la musique est avérée avec ce triptyque éponyme jouant sur les contrastes douce mélancolie et rage. A cet égard, les Finlandais redorent le blason d’un style en prouvant que le doom n’est pas un genre monotone exclusivement réservé aux âmes dépressives à tendance suicidaire.
En bref, avec ce titre éponyme, Swallow The Sun ravira ses fans et prouve une nouvelle fois l’étendue de son talent, même si ce constat peut être tempéré par le fait qu’on ne ressente pas un frisson équivalent à celui procuré par "Hope", et notamment "The Justice Suffering" magnifié par le chant de Jonas Renkse de Katatonia.