Formé en 2000, Venturia sort son premier album “The New Kingdom” en 2005, après quelques petits mouvements de line-up. Mené par son six-cordiste héraultais Charly Sahona, c’est un deuxième effort intitulé “Hybrid“ que le groupe nous sert ici, et qui va nous occuper le temps de cette chronique.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce groupe, pourtant bien médiatisé depuis quelques temps et « marqueté » par leur label Lion Music comme étant le groupe du renouveau du métal progressif (rien que ça), une petite présentation stylistique s’impose. Composée de cinq membres dont une fille, la formation se distingue par la présence d’un binôme au chant : un duo de genres, chants masculin et féminin. Ceci est la première particularité, assez significative car elle n’est pas neutre au niveau des possibilités artistiques ainsi permises. L’autre particularité vient du mélange des genres musicaux. Bien que trempée dans le courant métal progressif, leur musique entrechoque différents ingrédients de façon plus ou moins convaincante. A l’image du titre de l’album, le propos musical se veut donc hybride pour mieux revendiquer son attachement au courant progressif.
Jetons d’abord une oreille sur la première particularité du groupe à savoir le chant. Une simple première écoute permet de remarquer un chant féminin de très bonne facture… Mais bon, peu de surprise dans ce genre musical, c’est ce que l’on a généralement l’habitude d’entendre dans le métal mélodique à chanteuse, sauf que Lydie parvient tout de même à respecter les standards du genre tout en insufflant des colorations « popisantes » et accrocheuses (on ne peut tout de même s’empêcher de penser à Evanescence). Le chant masculin est quant à lui beaucoup plus conventionnel : les lignes vocales sont banales et manquent de relief. Cela fait parfois penser à du mauvais Linkin Park (mais existe-t-il du bon Linkin Park ?).
Pour ce qui est de la seconde particularité, celle du mélange des genres musicaux, ce que l’on détecte tout de suite c’est une grande maîtrise instrumentale. On sent d’ailleurs qu’ils aiment le montrer. On alterne ainsi entre passages pop, rock, mélodiques et passages instrumentaux super techniques et démonstratifs. Dans ces derniers passages, la mise en place est souvent très élaborée mais parfois mélodiquement stérile. C’est l’écueil qui caractérise un grand nombre de groupes officiant dans ce registre musical.
Quelques passages sonnent de manière « commerciale » : Venturia oscille (ou hésite) entre structures simples et accrocheuses et déballage technique démonstratif. Mais attention... Il faut tout de même saluer la performance des instrumentistes et tous les amateurs de riffs alambiqués, de descentes de manches supersoniques et rythmes endiablés y trouveront leur compte ! Cette succession de passages techniques et de passages plus conventionnels pourra cependant laisser une impression de manque de fluidité voire même une sensation de parties copiées/collées, pas toujours cohérentes…
Malgré celà, de très bons passages se trouvent sur cet album. On retiendra plus particulièrement les breaks techniques de « Running Blind », bien sentis et variés, le refrain et les lignes vocales accrocheuses de « Pearls of Dawn », les parties instrumentales de « Sparkling Rain » avec son très beau solo, le riff saignant de « Hottest Ticket in Town », l’expressivité vocale de Lydie sur « Why This Women’s Life » et les breaks défiant les lois de la mise en place dans « Sublimated Démentia ».
Maîtrise technique, mélodies accrocheuses, mélange des genres, ambiances électros, parties instrumentales. Ces mêmes critères pourront tantôt être considérés comme des qualités, ou comme des défauts, ce n'est qu'une question de goûts bien évidemment. « Hybrid » porte finalement bien son nom : un bon mélange de styles, plus ou moins probant, mais qui constitue réellement la personnalité de Venturia ! A mettre entre toutes les oreilles des amateurs de métal prog technique mixant chants masculin et féminin.