Les deux derniers albums de Neal Morse, Question Mark (?) et Sola Scriptura ont marqué les esprits par leurs qualités évidentes et représentent pour de nombreux fans l’acmé de la carrière solo de Neal Morse. Le 26 mai 2007 a été enregistré la prestation en public contenue dans ce DVD Sola Scriptura & Beyond. Hasard du calendrier ou clin d’œil, car ce concert de Neal Morse est donné le lendemain de la captation du concert de Spock’s Beard donnant aussi lieu à un DVD (Neal Morse demandera même à son audience si elle a assisté à ce concert…)
Les titres joués pendant ce concert balayent largement les albums solos de Morse et au-delà. Pour être complet il y a « The Creation » issu de One, un extrait de « The Good Don't Last » de The Kindness Of Strangers, les ballades « Open Wide The Flood Gates » et « Wind At My Back » de Snow (dernier album de Spock’s Beard avec Neal), le chef d’œuvre « The Door » ainsi que « The Conflict » et « The Conclusion » issus de Sola Scriptura, un medley de Question Mark (avec sept titres abordés) et de Testimony (avec dix titres), et enfin « We All Need Some Lights » de Transatlantic.
Le groupe accompagnant Neal Morse est inédit et très jeune. Cette jeunesse apporte fraicheur et enthousiasme, et l’attitude de Morse tout au long du concert montre qu’il est visiblement satisfait de ses musiciens. Et pour cause, car ce line-up est tout bonnement hallucinant. A commencer par le jeune guitariste Paul Bielatowicz, aux faux airs de Steven Wilson, qui fait preuve d’une efficacité époustouflante sur les parties souvent très techniques des morceaux, notamment le morceau «The Door », originellement enregistré par Paul Gilbert. Ses interventions en solo sont imaginatives et très techniques, avec une dextérité phénoménale en tapping (« The Door »). Le batteur Collin Leijenaar est monstrueux derrière son kit. Il met un Mike Portnoy aux oubliettes avec un groove et une finesse bien supérieurs. Tout comme Jessica Koomen (voix et claviers), Collin fait partie du Jessica Koomen & Jazz Trio et ses appétences jazz se marient parfaitement pour servir la musique de Morse. Chaque musicien est aussi une voix qui vient sublimer le chant de Morse dans les refrains. Cette démonstration vocale est un des points forts du live (« The Door »).
Neal Morse, comme à son habitude est très présent aux claviers mais aussi à la guitare à travers laquelle il se permet régulièrement quelques soli bien sentis. La justesse de son chant ne fait que s’améliorer au fil du concert et son attitude passe de l’euphorie au recueillement quasi religieux dans une sincérité ou une gravité qui colle aux morceaux (l’émotion de Morse est à son apogée pendant « To Feel Him » du « Testimedley »). Il se détache souvent de son clavier pour venir arpenter la scène, et chanter quasiment au milieu du public dans « Testimedley ». La bonne humeur générale du groupe est très communicative et les attitudes des uns et des autres les rendent très attachants. Neal est parfois tellement dans l’entrain qu’il en oublie les paroles de ses propres refrains (« The Good Don’t Last »).
Bien que la succession « The Conflict-The Conclusion », issue de Sola Scriptura, soit un peu indigeste sur la longueur (35 minutes pour ce double morceau très inégal et parfois brouillon), les près de trois heures de chansons sont judicieusement choisies. Le morceau d’ouverture, « The Creation », est une véritable bombe avec une montée en puissance impressionnante. Le titre essentiel, « The Door », est admirablement interprété par un Neal Morse en pleine forme vocale. « Question Mark Medley » est parfaitement déroulé avec une apothéose à la fin du morceau et un bon dosage des ballades, qui en deviennent même agréables car venant tempérer l’énergie dégagée.
La longueur et la densité, aussi bien musicale qu’émotionnelle, du spectacle est difficile à suivre d’une traite, j‘en conviens. Mais on se laisse prendre par le plaisir du visionnage de ce concert qui mérite tous les superlatifs. La diversité des morceaux joués au cours de ce concert est un point très positif pour convaincre ceux qui seraient rebuté par la longueur du live. Neal Morse et ses musiciens délivrent une performance incroyable et on ne compte plus les moments d’extrême bonheur. Le groupe ne s’interdit aucune manifestation d’humeur, s’amusant souvent avec la caméra, pour un rendu très vivant.
Si vous êtes amateur de la musique de ce génie, ce DVD live au son (mixage de Collin Leijenaar) et à l'image optimaux, est indispensable. La seule amertume qu'il pourra provoquer est celle de n’avoir pas été présent le jour où ce concert à été enregistré. Ce Sola Scriptura & Beyond est tout simplement un des meilleurs DVD qu’il m'ait été donné de visionner.
Nota bene: est vendu avec ce live un deuxième DVD contenant un documentaire « Behind The Scene » et un autre concert abordant d’autres morceaux de la carrière de Morse. Nous n’avons pas reçu cet objet à la rédaction, c’est pour cela qu’il n’est pas mentionné dans cette chronique. Au total, il y a environ six heures de musique et d’images. Encore une fois, Neal Morse ne s’est pas moqué de ses fans.