Au tout début, en 1995-1996, il y eut « Savage Poetry » et « Kingdom of Madness », de beaux brouillons des œuvres à venir en fait. Puis la course d’envol commença avec « Vain Glory Opera ». Edguy décolla alors avec « Theater of Salvation », poussa les gaz avec « Mandrake », mit le turbo avec « Hellfire Club » et amorça sa descente avec « Rocket Ride ». « Tinnitus Sanctus » jouera-t-il du manche à balai… Eh bien vous aurez la réponse au bout de cette modeste page d’écriture… ben oui, désolé les gars, on va devoir traverser ensemble une couche nuageuse, mais prenez garde, le sol n’est peut être pas loin en-dessous…
Première constatation, à l’écoute de ce nouvel album de la bande à Tobbias, on se demande où est passée leur verve métal-mélodiquée/power-speedée, leur propension à empiler des sonorités sautillantes comme d’autres des nouveaux albums. Je pense ici particulièrement aux Gun’s avec « Chinese Democracy I », « Chinese Democracy II », « Chinese Democracy III »…
Mais ne prenez tout de même pas vos jambes à votre cou, je vous rassure tout de suite, Edguy ne fait pas dans la tecktonik et reste toujours calé dans «notre monde de brutes ». Cependant, la tendance débutée avec « Rocket Ride » et le dernier Avantasia, se confirme... Le Tobbias aime aujourd’hui naviguer sur les flots du Hard Rock classique, voire du Rock. Pourquoi pas me direz-vous, oui en effet, pourquoi pas. Seulement, ce jeu ne vaut pas la chandelle de la créativité musicale. Car ici, si elle n’est pas encore soufflée, elle vacille malheureusement de manière inquiétante, sans rendre toutefois son dernier scintillement.
Il décélère donc, il flambe sans imagination, mais il nous propose tout de même quelques compos sympathiques comme le correct « Nine Lifes » et son beau solo, « Wake up Dreaming Black » qui démarre façon Maiden, « Dragon Fly » qui donne (enfin !) envie de pousser la chansonnette (c’est quand même le 6ème morceau…), comme le plutôt mélodieux « 929 », « Ministry on Saints » et son attaque à la Accept et « Speedhoven » avec son étonnant orgue Hammond et son break reposant qui vole en éclat dans un final qui mérite la palme du meilleur passage de l’œuvre.
Mais malheureusement, la bonne impression (six titres) s’arrête-là. Le reste manque, ô rage ô désespoir, cruellement d’imagination (cinq titres). "Sex Fire Religion" énerve par son côté groovy mal foutu, « The Pride of Creation » qui speede un poil plus mais reste banale, déçoit et la très moyenne balade « Thorn Without a Rose » s’englue rapidement dans la mièvrerie. Le limite GN’R « Dead or Rock », plus Rock que Hard Rock, laisse indifférent et, last but least, « Aren’t you a Little Pervert Too » qui est là pour nous prouver « qu’il rigole, il s’amuse Tobby alors il nous fait une chanson pour Lucky Luke », nous laisse la mâchoire ballante.
Vous pouvez desserrer les fesses chers passagers du vol TS2008, nous avons évité le crash de justesse. Nous espérons que vous ne nous en voudrez pas trop de cette belle frayeur et que nous vous reverrons bientôt sur nos lignes. Cap’tain Lynott vous remercie d’avoir fait avec lui ce voyage sur Edguy Airlines.