Dans le cadre de son voyage musical autour du monde, et après les succès rencontrés récemment en Israël, Australie, Russie, Ouzbekistan, sans oublier le continent sud-américain, la compagnie Music Waves est heureuse de vous emmener aujourd'hui vers le continent asiatique, et plus particulièrement en Indonésie, sorte de terra-incognita pour la plupart des amateurs de progressif à ce jour. Et pourtant, savez-vous que ce pays abrite une Indonesian Progressive Society ? Savez-vous que depuis près de 20 ans Djakarta abrite une Progressive Nite ? Ou encore que ce même pays abrite également une Prog Fest ?
Certes, les groupes en provenance de cet immense archipel n'ont pour l'instant guère franchi les milliers de kilomètres qui nous séparent, et seul Discus, auteur d'un remarqué Tot Licht en 2003, dans un style rio/avant-garde dépaysant, est parvenu à se faire remarquer dans nos contrées. Vantasma, groupe fondé en 2001, s'est tout d'abord fait remarquer dans ces différents événements, avant de sortir son premier album en 2006, Beyond Fallen Dreams, dont la réputation a permis son arrivée récente dans nos oreilles, et dans un style pour le moins … exotique pour son pays d'origine !
Ami lecteur et futur auditeur qui n'aurait pas pris le temps de lire tout ce long préambule, méfiance ! Si de plus tu ne jettes pas un œil sur les indications présentes sur le livret, tu pars droit dans le mur … Tu n'es pas en train d'écouter un album de raretés jamais publiées … d'IQ ! En effet, Vantasma est le premier (et le seul ?) groupe de progressif indonésien à publier un album de néo-progressif, dans la plus pure veine des productions du quintet anglais, reprenant avec bonheur les schémas traditionnels d'harmonie parfois décalées et de rythmiques impaires si chères au groupe de Mike Holmes.
Ainsi, Timeless Pray nous emmène immédiatement vers des rivages musicaux familiers, que l'on croiraient tout droit ressortis des archives oubliées de The Wake. La voix du chanteur oscille entre Peter Nicholls et Paul Menel (pour l'absence de justesse par moment !), et ce premier titre présente une construction plus que solide, alternant avec bonheur passages chantés et instrumentaux, changements de thèmes et reprises. Il est vrai que la durée du titre (8'21), qui se révèle être quasiment le plus court de l'album (!) se prête à merveille à ces digressions.
Save our Land va ensuite enfoncer le clou, se montrant digne des plus beaux titres d'IQ, avec des claviers magnifiques, voyant également l'apparition de quelques éléments rappelant un certain Script for a Jester's Tears (de qui vous savez …). Puis, pour continuer dans la palette néo-progressive tendance best-of, Time Before the Time va s'envoler vers les atmosphères fréquentées habituellement par Jadis et Pendragon, avec même un petit passage aux accents celtiques.
Et pour ceux que le néo rebute, je conseillerai néanmoins de poursuivre l'écoute de cet album jusqu'à son terme, les deux dernières plages apportant leur lot de complexité propre à satisfaire les progueux les plus exigeants, Trial of a King s'aventurant même sur certains passages vers des contrées (gentiment) métalliques, à la façon de Pallas.
Avec ce Beyond Fallen Dreams, les amateurs d'originalité ou d'exotisme relatif au pays d'origine du groupe resteront sur leur faim. Il est vrai que le mimétisme avec IQ pourra déconcerter ceux qui ne supportent pas les Tribute Band ou clones de leurs groupes favoris. Par contre, les amateurs de néo-progressif intelligent et pas gnan-gnan accueilleront cette galette avec grand bonheur, la qualité des compositions et de la production étant à même de ravir les plus exigeants. Une véritable bonne surprise en ce qui me concerne.