Quel plaisir pour le chroniqueur que je suis de se voir confier la critique d’un album comme celui-ci, un album dont attend rien, que l’on est pas particulièrement pressé d’écouter et qui vous met une énorme mandale en 2 temps 3 mesures. Outcast m’a pris par surprise, m’a captivé, passionné, époustouflé, rien que ça !
Le mélange excitant du hard core saccadé, presque mathématique de Candiria, du thrash raffiné de Coroner et de l’approche death métallique de Cannibal Corpse sur « Vile » aura eu raison de ma faible résistance. Le groupe non content d’avoir parfaitement digéré un tas d’influences pour enrichir son propos crée un style qui lui appartient et nous le sert brutal, virtuose, mélodique et groovy. Cette richesse permet aux musiciens de n’avoir que très peu de limites lors de la composition de leur musique comme en témoignent, entre autres, le surprenant break jazzy de « Reversal » ou le très ambient « Materia Prima », pièce instrumentale introspective, petite finesse moelleuse toute en douceur séparant opportunément deux accès de furie. Tout en restant parfaitement cohérent, du début à la fin de la galette, Outcast parvient à donner une personnalité propre à chacun de ses morceaux, ceux-ci ayant en commun l’art malin de réserver la bonne surprise qui vous saute à la gorge au détour d’un riff, tapie derrière un sweeping touffu ou vicieusement cachée derrière un break inattendu.
Côté compo le groupe est là encore totalement efficace, fait la chasse aux temps morts et nous tient en haleine jusqu’à la dernière seconde. Les idées sont amenées de façon limpide pour faire avancer le morceau progressivement sans jamais briser la dynamique et permettre à l’auditeur de surfer agréablement sur une mer pourtant chaotique de plans superbement agencés.
Comment parler de cet album sans évoquer le niveau technique des musiciens, sans saluer le travail d’orfèvre de la paire de guitaristes qui livrent une palette de riffs ciselés au laser inondés de solis prodigieux parfois beaux à tomber, parfois superbement décalés (« Fragmented Memories »).
Impossible également de ne pas rendre hommage au batteur qui, ayant plus qu’un blast dans sa grosse besace à patterns, nous la joue dans tous les sens, nous secoue avec facilité, alterne, varie les plaisirs, brode et rend l’ensemble encore plus fluide. La technique au service de la musique, la grande classe !
Excellente surprise donc de la part de ce groupe Français (et oui !!) qui nous offre avec ce second album l‘une des sorties les plus intéressantes de l’année. Regrettons simplement le fait que ce petit bijou ne pouvant bénéficier d’un support médiatique suffisant passe presque inaperçu, le monde n’est qu’injustices…