Si aujourd'hui, chacun connait Queensrÿche comme un grand du metal (progressif ou non) c'est surtout grâce à des albums comme "Empire" ou "Operation Mindcrime". Pourtant, ce groupe formé en 1981, soit respectivement 9 et 7 ans avant ces deux albums, a connu des débuts qui sont loin d'être dénués d'intérêt. Après un premier E.P. éponyme qui leur avait permit de signer chez EMI, "The Warning" est donc leur premier véritable album.
Les moyens utilisés sont représentatifs d'une volonté de bien faire. Déjà, le producteur James Guthrie n'est pas n'importe qui puisqu'il est associé à des noms comme Judas Priest, Pink Floyd, ou encore Kate Bush. Se retrouve également, un soin particulier apporté aux accompagnements orchestraux (plutôt discrets) dirigés par Michael Kamen.
A cette époque la musique des américains est paradoxalement teintée de NWOBHM et de touches Glam et progressives. Dès l'introduction du titre "The Warning", Queensrÿche présente donc un Heavy Metal accrocheur. Les instruments sont bien utilisés pour former un véritable ensemble. Les compositions, sans être mélodiquement complexes, présentent des arrangements subtils auxquels une production nuancée rend justice. En effet, les riffs métalliques côtoient des arpèges harmonieux et des interventions orchestrales sobres du plus bel effet.
Cet équilibre se retrouve sur tout l'album avec des points culminants comme pour le superbe "No Sanctuary", et l'épique "Road To Madness". La voix de Geoff Tate est puissante et possède une capacité mélodique très efficace qui ravira bon nombre d'amateurs. Chris deGarmo n'est jamais démonstratif mais toujours très efficace, avec pour témoin les soli déchirants sur "Child Of Fire", où la paire qu'il forme avec Tate trouve un point culminant.
Chaque morceau est finement taillé, parfois au dépend de la spontanéité ou de l'énergie. Si l'on peut rapprocher cet album de la NWOBHM, c'est plus sur la construction des morceaux que sur la fougue. Les guitares rythmiques peuvent donc sembler parfois absentes ou trop en retrait. La section rythmique, très bien en place, manque encore de punch.
Il est probable que "The Warning" fera fuir certains amateurs de gros son. Pourtant, avec une production et des compositions soignées, un sens de la mélodie particulièrement efficace qui ne laisse place à aucun temps mort et une ambiance vivante et chaude qui caractérise déjà Queensrÿche, "The Warning" reste un véritable bijou qui s'écoute avec un plaisir constant.