1984. En cette année Marvin Gaye est abattu par son père d’une balle dans la tête, Indira Gandhi est assassinée par des membres de sa propre sécurité et cette même année, débute le gouvernement de Laurent Fabius. A l’opposé de ces évènements tragiques, 1984 a aussi apporté son lot de bonnes choses avec notamment la création du Tac O Tac voire d’espoirs lorsque la station NRJ est menacée de suspension par la haute autorité…
Si vous avez compris qu’une partie de ce que j’ai écrit précédemment est à prendre au second degré, vous êtes fin prêts à découvrir un autre évènement majeur, mais artistique cette fois, de cette année 1984 : la sortie du sixième album du groupe Van Halen.
La formation à cette époque est bien connue – surtout pour ses frasques - mais elle n’est pas encore arrivée à sortir l’album qui leur permettrait de rentrer dans le « Hall Of Fame » du Rock. L'oeuvre précédente « Diver Down » n’a pas été du goût de tous les membres et en particulier de Eddie Van Halen qui souhaitait pouvoir s’émanciper de toute forme de contrainte extérieure - et intérieure - et ainsi sortir un disque plus personnel. Pour ce faire, il aura fait construire son propre studio dans sa propriété qu’il nommera 5150 (code d’urgence psychiatrique pour interner une personne contre sa volonté) et s’y sera enfermé pour produire l’album contenant un des titres les plus connus de l’histoire du rock... Ce titre, c’est évidemment « Jump » qui avec « Hot For The Teacher » et « Panama » passeront en boucle sur la nouvelle chaîne musicale MTV.
Malgré sa durée misérable de 33 minutes, 1984 est un succès énorme. Il sera six fois disque de platine. Il faut dire que d’une part il fait figure d’usine à hits et que d’autre part il tranche fortement des productions précédentes de Van Halen avec ses synthétiseurs qui feront le son « Van Halen » de cette époque.
Démarrant sur une intro entièrement synthétique, l’album propose d’entrée de jeu la chanson cultissime « Jump », presque exclusivement construite par les synthés sur lesquels vient se placer un des fameux soli tonitruants dont Eddie a le secret. Puis déboule le second Hit « Panama » qui aurait pu passer assez inaperçu sans le solo et surtout en fin de morceau un break qui fait tomber la pression d’un coup pour la faire remonter crescendo via un jeu de guitare tout en retenu et en feeling.
Passons « Top Jimmy » et « Dead Legs » pour arriver sur une « Hot For Teacher » complètement délirante avec sa batterie fortement mise en avant, ultra véloce et un David Lee Roth qui vanne sur les couplets – accompagnés de sons décalés - et se déchaîne sur les refrains, mais surtout pour nous intéresser à un titre que personnellement je trouve rythmiquement ahurissant : « Girls Gone Bad ». Ce titre est la preuve que l’on peut apporter énormément de vitesse à une composition sans s’exciter sur la double pédale… Ce titre c’est quatre minutes d’urgence, de fuite en avant, quatre minutes ou guitare et batterie s’unissent pour entraîner l’auditeur dans un tourbillon sonore qui ne sera, comme pour Panama, que très brièvement apaisé durant quelques secondes pour repartir de plus belle… En bref, quatre minutes de pur bonheur.
Si historiquement, 1984 représentera donc pour Van Halen et pour de nombreux fans l’album de la consécration, il va aussi s’avérer être l’album de la consternation et de la rupture. Ce sera en effet le dernier opus avec David Lee Roth au chant. Les fortes tensions entre celui-ci et Eddie Van Halen seront soldées par le départ de Roth et de sérieuses interrogations quant à l’avenir de cette formation désormais mythique…