Il était une fois, un jeune homme qui s’ennuyait. Il jouait avec sa télécommande en passant négligemment et sans conviction de chaîne musicale en chaîne musicale. Il était sur le point de se résoudre à éteindre la télé et à aller étudier – bel exemple de réalité rejoignant la fiction – quand tout à coup, une bande d’excités firent leur apparition sur l’écran. Il fut littéralement scotché et attendit impatiemment de connaître le nom de ce groupe. Finalement, à quelques secondes de la fin, apparurent les caractères tant convoités : « Jane’s Addiction – Just Because ». Le jeune homme, c'était moi. Mais comment un groupe de rock alternatif, mouvement qui rappelons tire ses origines du punk, a-t-il ainsi pu titiller les oreilles d’un amateur de progressif (encore moi) ?
Voilà une question dont la réponse saute aux yeux – et aux oreilles – dès l’introductive « True Nature », véritable concentré de réussite. Un morceau aussi bien construit devrait être interdit tant il peut agacer. Lancé sur un « Here we go ! » explosif et un riff monstrueux d’efficacité, le titre va tour à tour briller par son chant entraînant, ses refrains entêtants à la profondeur amplifiée par quelques petites touches de programmation parfaitement dosées, sa basse ultra groovy et son break énorme qui repartira sur un solo jouissif.
Passer tout son temps sur un titre à secouer la tête frénétiquement, en plus de donner l’air bête, peut fatiguer. Alors, lorsque Jane’s addiction rempile sur un « strays » bien pêchu, puis enchaîne avec un « Just Because » aussi puissant et direct que « True Nature », gare aux maux de tête.
Heureusement, Le groupe a pensé à nos petites cervicales en nous concoctant quelques très courts moments d’apaisement notamment avec « Price I Pay » qui démarre dans l’intimité - pour mieux nous sauter à la gorge au bout de deux minutes – et qui propose en son milieu un très court passage atmosphérique inattendu d’une sensualité exacerbée.
Le problème avec des titres qui cassent la baraque, c’est qu’ils font passer de très bons morceaux pour moins bons qu’ils ne le sont. « The Riches » puis « Superheroes » en font les frais. Tout aussi « punchy » que leurs prédécesseurs, ils s’avèrent excellents mais il leur manque le petit plus qui en feraient des hits.
Dans le même veine, mais encore un tout petit peu moins bien armés que les autres, les titres « Wrong Girl », « Suffer some » ou « Hypersonic » souffrent aussi de la comparaison. Il faudra alors attendre le dernier titre, moins agressif, plus nuancé mais tout aussi direct, pour retrouver les frissons du début d’album.
Album absolument incontournable et destiné à n’importe quel public aimant la guitare et les musiques dynamiques, « Strays » survole son sujet et prouve avec evidence que Jane’s addiction porte très bien son nom.