Haaaaaaaaaaaaaaa ! Un concept album ! le mot est lancé ! Je ne sais pas vous, mais moi, quand j’apprends qu’un groupe y va de son petit album conceptuel, j’ai souvent le sourcil droit qui se lève, synonyme de méfiance. En effet, il arrive fréquemment que ces montagnes-là accouchent de considérables souris, un peu comme si cette « étiquette » révélatrice d’une « réflexion créative profonde » servait à masquer, puis à pardonner, la pauvreté musicale du produit fini.
Alors ici, lorsque j’ai pu lire que l’histoire de "Sweet Blood Theory" s’inspirait de la nouvelle « The Vampyre » (publiée en 1819) de John William Polidori physicien/écrivain précurseur, avec cette œuvre, du mythe du suceur qui fuit les gousses d’ail, mon sang n’a fait qu’un tour ! Puis, lorsque j’ai su que les bougres allaient chercher l’inspiration musicale dans les films de Tim Burton j’ai commencé à avoir des sueurs froides. Enfin, lorsque j’ai appris qu’il en était de même pour le visuel des illustrations et que j’ai vu la pochette hideuse, pardonnez-moi, mais j’ai eu un haut le coeur ! Mais, comme nous ne sommes pas des mauviettes chez MW, j’ai tout de même mis mes deux plus belles oreilles sous le casque et je me suis étendu sur le divan sous lequel j’ai jeté le livret.
Tout d’abord, et même si celà va vous paraître certainement quelque peu incongru, pour apprécier cet album de Secret Sphere il ne faut pas forcément commencer par le début… Il est certain qu’en recommandant de commencer un concept album par la fin mon pauvre Lynott, on comprend que tu doives t’allonger sur un divan (voir quelques lignes plus haut pour les distraits). Pourquoi donc ce conseil chers lecteurs ? Tout simplement à cause du titre d’introduction « Stranger in Black » qui représente tout ce que le Power Métal peut revêtir comme défauts lorsqu’il fait marrer ses détracteurs avec notamment un riff archi-simpliste, une batterie « façon tatapoum » beaucoup trop mise en avant de surcroit, des chants scandés et hauts perchés et une mélodie que fredonnait déjà Rollon le célèbre Chef Viking an l’an 900 lorsqu’il pillait gaillardement nos contrées normandes...
Pour le reste, vous pourrez :
- Entraîner pour quelque ballet amoureux votre dulcinée sur « The Butterfly Dance » que n’aurait pas renié Kamelot, même si notre ami Roberto "Ramon" Messina n’a point l’organe de Khan,
- Attendrir votre belle-mère en lui passant (pas trop fort) le mid-tempo « All These Words » qui aurait pu figurer dans un album de Bob Catley (le vocaliste de Magnum),
- Inviter vos voisins à reprendre à tue-tête avec vous le refrain de « The Shadows of the Room of Pleasure », même si les claviers sont parfois un peu saoulant lorsqu’ Antonio Agate nous fait son petit Jordan Rudess, ou celui de « Welcome to the Circus », même si la batterie fait une fois de plus mal à la tête ou bien encore celui de « Feed My Fire » même si les premières harmonies semblaient annoncer de plus belles choses que ce qui est nous est proposé au final.
- Trinquer avec Tim Burton sur les premières notes de « Sweet Blood Theory » en guidant son attention vers les passages mélodieux autour des refrains et en lui bouchant les oreilles quand Federico dit « le marteleur » pète une peau de tambour (ça change du câble) ici et là, puis sur celles de « From a Dream to a Nightmare », difficilement supportable sur la longueur - à l'exception du refrain - sauf s’il est pote avec les gars de Freedom Call.
- Vous exercer à mieux chanter que le frontman sur les notes hautes de « Vampire's Kiss » qui se laisse écouter malgré tout,
- Rameuter vos collègues féminines pour assurer les chœurs introductifs de l’Edguyen « Bring On », et les laisser, telles des walkyries échevelées, entonner son refrain certes guerrier et porteur, mais classique et entendu.
- Et pour finir la soirée, opter pour un karaoké avec tout les habitants de votre village sur le très rassembleur « The Day at the End of the World ».
Ainsi donc, vous l’aurez senti à travers ces lignes, je me suis plus amusé à rédiger cette chronique qu’à écouter cette galette un poil surannée et un zeste insipide. Si quelques bons moments sont toutefois de mise, le tout n’est pas vraiment transcendant. Si elle continue comme ça, la Sphère Secrète risque de le rester encore longtemps.