M Office Records nous propose en cette fin d’année, « Blind From Birth », véritable brûlot death progressif particulièrement audacieux. Et pour ne pas déroger à la règle actuellement en vigueur, toute découverte extrême au sens large du terme est en provenance de l’Hexagone. Découverte ? Pas tant que ça… Le fort remarqué mini-cd paru en 2005, « Orchestral March », avait déjà posé les jalons d’une musique qui atteint son apogée sur cet album.
En effet, « Blind From Birth » s’avère être un excellent album de death progressif au sens large du terme regroupant en son sein un vaste panel de réminiscences extrêmes que ce soit le death technique, le heavy symphonique basculant vers le black comme c’est le cas sur « Pawn » ou encore - et surtout - le death progressif atmosphérique d’Opeth, influence majeure de Lyr Drowning. A ce titre, on retrouvera la couleur des guitares lancinantes des maîtres suédois sur la plupart des titres et plus particulièrement, l’envoûtant « Substitutes ».
Mais le point d’orgue de cet album est sans conteste le sublime diptyque débutant par l’instrumental « Man In Decline (Part 1) » magnifié par son piano acoustique mélancolique qui évolue avec virtuosité vers un rock prog atmosphérique aux faux airs de Porcupine Tree. Mais que serait un Opeth mélancolique sans son pendant rageur ? Un groupe rock progressif ordinaire comme il en existe bon nombre et Lyr Downing nous le rappelle en enchaînant tout naturellement vers « Man In Decline (Part 2) » qui montre le côté obscure et férocement rageur du combo. De même, « Next Helpless Days » nous emballera avec son intro progressive mélancolique pouvant rappeler Pain of Salvation avec l’utilisation notamment de speachs en arrière plan. Un titre qui prendra toute son ampleur avec une montée en puissance propre au genre death prog popularisé par Opeth avec son final acoustique et ses lignes de claviers éthérées rappellant les plus belles mélodies de la référence susmentionnée. Enfin, les connaisseurs ne seront pas surpris que le titre final « Bleak Dance » évoque la bande de Mikael Åkerfeld à l'exception toutefois d’un chant extrême plus orienté black que death.
Au final, pour une première réelle production, les français justifient tous les espoirs placés en eux à l’époque de la sortie du mini-cd « Orchestral March ». Et si jamais les efforts promotionnels sont à la hauteur de leur talent, on peut parier qu’il faudra à l’avenir compter sur Lyr Drowning. Dans le cas contraire, ils risquent de grossir les rangs des groupes aux talents incomparables sacrifiés sur l’autel de la sacro-sainte rentabilité au nombre desquels on recense notamment Symbyosis, autre groupe death progressif français à la démarche artistique comparable.