Après un premier album ("The State Of Rock") ayant reçu un écho favorable auprès des médias spécialisés, Frontline prend le risque de surprendre tout le monde avec un album au titre évocateur : "Acoustics". Composé de morceaux du premier album et d’inédits, tous interprétés en live acoustique, il ne réussit pas à faire gagner de nouveaux fans au combo allemand et laisse ceux conquis par "The State Of Rock" pour le moins dubitatifs. L’unité du groupe ne résiste pas à cet échec et la section rythmique voit deux nouveaux arrivants s’installer : Thomas Bauer à la basse et Rami Ali à la batterie, ce dernier ayant déjà été remarqué pour sa participation chez Evidence One et Shylock.
Renforcé par Chris Lausmann qui épaule Robby Boebel aux claviers et à la guitare rythmique, le quintet semble retrouver la route qu’il parcourait avec réussite sur son premier album. Frontline revient donc à un AOR flirtant parfois avec le Hard FM et avec le Wescoast à d’autres moments, le tout enveloppé dans une production bien ciselée. Les références venant à l’esprit à l’écoute de ce "Heroes" sont essentiellement à chercher du côté de Journey et de Danger Danger. Et si la voix de Stephan Kammerer semble être un mélange de celles de Steve Perry et de Ted Poley, c’est également le cas de la plupart des compositions, alors que le groupe allemand se forge une identité propre s’inspirant de ces références sans jamais tomber de le plagiat.
Comme "The State Of Rock", "Heroes" brille par son homogénéité concernant la qualité, et sa variété dans les tempos abordés. De la ballade Aor (« Get To You ») au Hard FM efficace et entraînant (« Tonight We Set… »), en passant par l’AOR sautillant (« On The Run ») ou le mid-tempo de grande classe (« Break My Heart Again » ou « Pain Will Last Forever »), Frontline touche à toute la palette Aor/FM avec le même succès. La recette à base de refrains immédiats et obsédants, de riffs bien léchés, et d’une production, certes typée 80’s, à la fois chaude et dynamique, fait mouche sur chaque titre. Le quintet teuton se permet même quelques pointes d’originalité comme cette rythmique aux accents « dance » sur « Moving Closer », ce final instrumental à rallonge sur « Pain Will Last Forever » ou cette intro théâtrale sur « Man In Motion », toujours avec la même réussite.
Frontline remet donc les pendules à l’heure avec "Heroes", imposant une identité propre, sans pour autant révolutionner le genre. Malheureusement, des problèmes de label feront que cet album ne sortira qu’au Japon. Dommage, car même s’il ne bénéficie pas de la même spontanéité et de la dynamique de "The State Of Rock", cet album n’en mérite pas moins la reconnaissance des aficionados du genre.