Magnolia (le groupe, pas la plante…) est né sous l’impulsion du multi-instrumentiste suédois Ronny Ericksson en 1994. C’est d’ailleurs le morceau "Magnolia Carboose Babyfinger" des pionniers du rock blues américain Blue Cheer qui fut à l’origine du nom de cette formation scandinave. Déjà auteur d’un premier album tout simplement intitulé "Magnolia" et distribué en 2006, Ronny Ericksson et son groupe amorcent une suite à ce premier opus avec "Falska Vagar". Eh bien oui, ces musiciens suédois continuent de s’exprimer dans leur langue natale sur leur nouvelle offrande.
Le power trio (tient, voilà qui rappelle une formule très en vogue au début des années soixante dix) ne s’éloigne pas d’un pouce de ses chères influences marquées du sceau légendaire de cette période. En effet, "Falska Vagar" revigore l’état d’esprit des seventies en s’inspirant de formations américaines aussi mythiques que Blue Cheer, Mountain, Grand Funk Railroad mais également anglaises comme Free ou encore l’incontournable triptyque nettement plus apprécié sous le nom de Cream. Affamé et complètement fasciné par cette époque, Magnolia n’hésite pas, à travers les dix compositions de "Falska Vagar", a user et abuser d’une production de type "vintage" épurée au possible. La production et le mixage transpirent l’analogique et la prise directe, faisant fuir tous les apparats du 5.1 et de la compression à outrance, symboles d’une technologie hautement réfutée par ce combo.
Ce choix, prônant avantageusement un état d’esprit dénué de toute contrainte bassement commerciale, fait merveille sur cette bouillante et finalement assez créative production. Une voie claire et modulée (à l’instar de celle de Dicky Peterson, bassiste/chanteur de Blue Cheer) solidement soutenue par de bon gros riffs blues/rock bien sentis agrémentés de soli légèrement acides mais subtilement travaillés au son live et "crunchy", penchent en faveur d'un réel feeling et d'un sens aiguisé de la composition immédiatement identifiable.
Magnolia n’échappe pas à une singulière particularité du power trio issu des années soixante dix, à savoir l’importance donnée aux lignes de basses, véritable fil conducteur à l’écriture des titres. En effet, la basse donne le ton sur la majorité des plages (plus particulièrement sur l’instrumental électrique et fougueux qui clôture l’album). Dans un autre style, tout en restant instrumental, le groupe s’aventure sur un terrain plus dissonant et acoustique avec "Där Hemma". Et afin de restituer l’ambiance dans un contexte des plus authentiques possibles, un bon vieux B3 vient souffler sur le blues graisseux de "Ta dig själv i Kragen". Sans oublier bien sûr de mentionner les riffs sautillants d’un " Dröm dig iväg" maculé d’arpèges sur les couplets et le finish au embruns sudistes de "Den Tiden är Förbi" lorgnant vers le célèbre "Free Bird" de Lynyrd Skynyrd.
Cette atmosphère imposée par le trio revêt un caractère très intéressant, car apportant une certaine diversité et surtout une énergie en totale adéquation avec le courant "Revival" à l’égard des seventies. De part sa teneur et sa qualité, cette nouvelle production de Magnolia peut se targuer de répondre à toutes les attentes d’un véritable amateur des années soixante dix. Pour conclure, et en dépit d’un certain doute à l’égard du patronyme de ce groupe, nous sommes ici bel et bien confrontés à une charmante plante aux racines solidement ancrées vers un passé musical aussi riche que passionnant. "Falska Vagar" entre donc dans le cercle relativement sélectif des albums à recommander chaudement à tous les aficionados de sonorités et de climats liés à un autre temps.