Ceux qui suivent le groupe depuis ses débuts savent que Vedder et sa bande sont friands de CD live. Eddie explique cela par la volonté des musiciens de brouiller le piratage intempestif de leurs albums en inondant la toile de leurs prestations live. Quoiqu'il en soit, pour les fans du groupe, chaque nouvelle possibilité d'écouter Pearl Jam en concert sonne un peu comme Noël avant l'heure.
Attention, ce Live At Benaroya Hall du 22 octobre 2003 n'est pas n'importe quel concert. Enregistré dans le but de promouvoir l'aide aux mineurs sans abris de Seattle, le groupe s'est fait plaisir en donnant une version entièrement acoustique de leurs standards. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seul, ça n'est pas 1 mais 2 CDs qui sont proposés pour régaler vos oreilles (soit 26 titres pour 130 minutes de musique).
C'est par exemple l'occasion de découvrir des morceaux moins connus que la bande de Seattle n'a pas l'occasion de jouer dans leurs concerts plus grunge. Citons notamment l'excellent Fatal où quelques accords de guitare acoustique viennent donner le ton à une voix toujours aussi chaleureuse et appréciable. Impossible non plus de passer à côté des monstres que sont Nothing As It Seems, Immortality, Off He Goes et ainsi de suite ... Tout ça avec un côté acoustique qui fait vibrer.
2003 est aussi l'année de la sortie de " Big Fish " de Tim Burton, film pour lequel le cinéaste a fait appel aux talents du groupe pour la composition d'une chanson, Man of The Hour, petit bijou acoustique. Le premier album se clôture sur un Lukin' dans laquelle Eddie Vedder déploie une bonne dose d'énergie pour garder l'authenticité du morceau.
Si le groupe aime également se produire en live, c'est aussi pour l'interaction avec le public. Souvenons-nous d'un DVD live sur lequel on pouvait voir Eddie prendre un des enfants de l'assistance sur les épaules et sauter en rythme sur la scène. Ici, la plupart des morceaux est ponctuée d'anecdotes (par exemple quand il raconte que chaque groupe qui passe dans cette salle se plante toujours à un moment donné du concert), de petites blagues et autres réflexions sur la pauvreté dans les rues de Seattle.
Le deuxième CD est marqué par une interprétation acoustique à couper le souffle du légendaire Black, véritable hymne du groupe dont le refrain sera chanté en chœur par tout le public (frissons assurés). Notons également la reprise de la chanson de Johnny Cash, 25 minutes to go qui rapproche la fin du concert de son terme.
Au final, il serait possible d'écrire des dizaines de pages sur les vertus et autres qualités du groupe, que ce soit en concert ou en studio. A titre personnel, je range ce double CD aux côtés des légendes acoustiques que sont les Unplugged de Nirvana ou d'Eric Clapton. Mais je crains de manquer d'objectivité car, pour reprendre une expression lue récemment dans une chronique, je suis définitivement accroc de ce rock américain de grande classe. Si le dernier album intitulé Pearl Jam était trop grunge pour vous, n'hésitez pas à vous procurer ce petit bijou qui ne pourra pas vous laisser indifférent.