L'année 2008 sera marquée d'une pierre blanche dans la carrière d'Abel Ganz : un nouvel album, 'Shooting Albatros' que mon ami Tonyb, grand spécialiste du néo chez MW, avait apprécié à sa sortie, et la réédition de 'The Danger of Strangers', album qui fête ses 20 bougies, dans une édition au magnifique emballage. Après 14 ans de silence, pas mal, non ?
Rappelons tout de même qu'Abel Ganz (à ne pas confondre avec le grand réalisateur cinématographique Abel Gance) est un groupe écossais formé dans les années 80 par Hugh Carter et Hew Montgomery et qui a accueilli dans ses rangs Alan Reed, actuel chanteur de Pallas, autre groupe écossais. Voilà pour les présentations.
Il faut qu’un groupe soit vraiment fier de son travail pour vouloir, 20 ans après, ressortir un album avec tout ce que cela implique de remise à niveau technique et remixage. Bien peu s’y sont hasardés, et encore s’agissait-il de groupes et d’albums cultes comme Pink Floyd avec son 'Dark Side of the Moon' ressorti en SACD pour le 25ème anniversaire du disque. Mais après tout, pourquoi pas, si les fans l’attendent…
Ne connaissant pas 'The Danger of Strangers', l'approche fut d'abord de découvrir l'œuvre en tant que telle, puis d'essayer de la mettre dans le contexte d'une ressortie 20 ans après. Ces 2 phases sont imbriquées dans ce qui suit.
Le style d'Abel Ganz, comme l'avait souligné Tonyb, fait fortement penser à IQ période 'Tales From the Lush Attic' et 'The Wake', avec quelques réminiscences de la période Paul Menel au chant. Il y a aussi du Pallas dans cet album, à moins que ce ne soit le contraire, mais gageons que la présence d'Alan Reed n'y est pas étrangère. Le titre éponyme qui débute l'album contient toutes ces influences de façon parfois criantes, au point de nous amener à regarder la pochette à nouveau pour savoir s'il n'y a pas erreur. Il n'en demeure pas moins agréable à écouter, même si les surprises ne sont pas légion. La mélodie de chant est très bien tournée, empreinte d'une certaine mélancolie qui touche au but.
Le niveau des musiciens, s'il ne répond pas aux canons actuels des groupes de Progressif, est dans la lignée de beaucoup de groupes de Néo-Progressif de cette époque, à savoir suffisant pour exprimer les idées voulues, mais pas sans limites, donc parfois juste pour surprendre ou aller au bout des idées en question. Les soli de guitares et claviers sont à ce titre un bon exemple de ces limites. Ils sont bien composés, bien joués, mais ne surprennent que rarement. Heureusement, et c'est là l'essentiel, les émotions passent.
"The Dangers of Strangers" est un disque bien dans les caractéristiques du Néo Prog, rarement très dynamique, avec tout de même quelques moments qui bougent un peu, tel 'Hustler 2'. 'Dreamtime' et son intro Floydienne, par contre, est tout en ambiance, avec une fois encore une mélodie de chant charmeuse, constante des compositions proposées ici. 'Pick a Window, You're Leaving' est quant à lui un instrumental tout droit sorti de chez IQ et consorts. Rien d'original à mettre en avant. Encore une fois pas désagréable, mais déjà entendu à maintes reprises.
Le bonus proposé avec cette édition anniversaire est une autre version du morceau titre, 'The Dangers of Stangers' qui avait été intégrée dans une compilation réalisée par Steve Wilson (oui, lui-même…), "Double Exposure". Version raccourcie et mixée différemment qui sonne un brin plus moderne. Etonnament, la version originale, dont le son est plus étouffé avec un mixage moins dynamique, me semble meilleure car elle a une véracité que perd la "nouvelle" version (la fameuse mélancolie disparaît un peu…). Mais chacun y verra des qualités et des défauts selon ses attentes…
Que dire sur cette ressortie qui se justifie pour le groupe et ses fans, l'album ayant, c'est vrai, des qualités et une âme ? Que c'est une bonne chose pour ceux qui l'attendaient, et que ceux qui veulent découvrir Abel Ganz peuvent sans hésiter le faire avec cet album. Le niveau reste néanmoins moyen, sachant que ce style, aussi agréable et parfois émouvant soit-il, a vieilli et que ce ne sont pas les nouveaux mixages qui y peuvent grand-chose. Un peu court (46 minutes) malgré les 7 minutes de bonus, on aurait aimé un titre non enregistré de l'époque interprété aujourd'hui par exemple...
A noter un bonus vidéo montrant les musiciens en studio.