Au palmarès des noms les plus loufoques, celui des " Citrouilles écrasées " mérite probablement d'avoir la palme. Et pourtant, rares sont les albums comme Mellon Collie and The Infinite Sadness qui auront autant marqué leur époque. Après plusieurs années de disette et de divagation en pleine ère grunge, la bande de Billy Corgan est à la recherche de l'album qui les révèlera au grand jour. En 1995, le grunge est mort et nos 4 musiciens décident de se lancer dans un grand projet de conquête du monde de la musique.
C'est réellement avec cet album que la carrière du groupe va décoller. Il remporte 7 nominations aux Grammy Awards (exploit que seul Green Day avec American Idiot parviendra à refaire), inonde les radios et les discothèques du monde entier. Un véritable culte de la citrouille sacrée se construit. Et pour cause, ça n'est pas un mais deux CD's – comportant 28 morceaux – qui viendront rafler la mise en 1995.
Première partie: Dawn To Dusk
Le premier CD de ce double album marque clairement la rupture avec les précédentes productions du groupe. Que ce soit au niveau de la voix – que Billy Corgan va travailler et la pousser comme il ne le fera plus jamais – ou des mélodies, – qui sont plus recherchées et mieux produites qu'auparavant – le groupe nous offre l'album de leur carrière.
Dawn To Dusk, c'est comme pour le cochon: tout est bon. Que ce soit l'instrumentale au piano Mellon Collie and The Infinite Sadness, le single Tonight, Tonight, la ballade dépressive To Forgive ou le plus mélancolique Galapogos, Billy Corgan y révèle toute l'étendue de son univers fantasque et délirant. Le tout est entouré de morceaux plus hard comme le single Zero voire l'excellent Bullet With Butterfly Wings.
Deuxième partie: Twilight To Starlight
Pink Floyd avait fait un carton avec son double album The Wall en 1979; Genesis avait explosé sous les projecteurs avec The Lamb Lies Down on Broadway et l'album blanc des Beatles est souvent considéré comme leur chef d'oeuvre. Bref, autant de doubles albums à succès. Avec cette deuxième partie, The Smashing Pumpkins pourra se vanter de faire au moins aussi bien que les albums susmentionnés.
La crainte que nous pourrions légitiment avoir avec les doubles-albums, c'est que la qualité de la première face s'essouffle sur la seconde. Ici, soyez rassurés, les compositions restent du même calibre, en ajoutant même quelques renforts de poids côté single. Notons donc les désormais célèbres Thirty-Three et Love qu'il ne faut même plus présenter. Au rang des compositions moins médiatisées mais néanmoins très réussies, citons la ballade à la guitare Stumbleine, l'intriguant In The Arms of Sleep et même le plus trip-hop Beautiful. L'album arrive ensuite au bout de 120 minutes de chanson sur la ballade Farewell and Goodnight qui clôture l'album comme il l'avait commencé; sur quelques légères notes de piano.
Au final, le groupe reproduit la quintessence de son talent dans cet incontournable Mellon Collie and The Infinite Sadness. Considéré par Billy Corgan comme son " bébé ", il sera également le point de départ de tensions qui mèneront à la séparation du groupe au début des années 2000. Jamais plus les citrouilles écrasées ne rencontreront un tel succès. Sur aucun autre album vous ne retrouverez un tel univers et un tel effort du point de vue de la voix et des compositions. En un mot comme en cent, ce double-album est un " must " pour n'importe quel amateur de musique.