1976 : le monde entier, et l’Europe en particulier, découvre un lutin déguisé en écolier et arpentant scènes et plateaux de télévision tel un dément, sa Gibson à la main, tout en propulsant riffs et solis sur des bases de blues-rock survitaminé. Pourtant, "High Voltage" n’est en fait qu’une compilation des deux premiers albums australiens du combo ("High Voltage" et "TNT", sortis respectivement en 1974 et 1975). AC/DC vient de débarquer, emmené par son icône, Angus Young, et la face du rock’n’roll va s’en trouver changée.
Pourtant, la recette n’a rien de révolutionnaire. A la création du groupe par Malcom Young, guitariste rythmique et véritable maître du navire, l’idée était de faire du rock influencé par le blues de B.B. King et la spontanéité des pionnier comme Chuck Berry. Et c’est bien cette recette que nous retrouvons sur la plupart des titres de cet album, à la différence non négligeable près, que le quintet australien propulse cette formule avec une puissance et une énergie jamais entendue auparavant. Pour cela, le frères Young se sont entourés d’une section rythmique en béton armé composée de Mark Evans à la basse et de Phil Rudd à la batterie. Ce dernier n’est pas un inconnu en Australie pour avoir fait parti de Buster Brown, groupe ayant sorti deux singles et dont deux membres fonderont Rose Tattoo quelques années plus tard (Angry Anderson et Geordie Leech). Mais surtout, après un court épisode avec Dave Evans au chant, Malcom et Angus ont confié le rôle de frontman au charismatique Bon Scott. La voix blues et éraillée de ce dernier, doublée d’une gouaille inimitable, sont les derniers éléments qu’il manquait à AC/DC pour commencer son décollage.
Et les auditeurs que nous sommes décollent eux aussi dès les premiers accords du titre d’ouverture ('It’s A Long Way To The Top (If You Wana Rock’n’Roll)'). Le riff est entêtant, la rythmique groove et la voix de Scott est hypnotisante. Vous rajoutez à tout ça un duel cornemuse / guitare inédit et vous avez tous les ingrédients pour vous accrocher jusqu’à la fin d’un album composé de 9 titres incontournables. Ne comptez pas sur 'Rock’n’Roll Singer' pour relâcher la pression. En dehors de la cornemuse, les ingrédients sont les mêmes et Bon Scott prend une dimension encore supérieure à celle d’un simple chanteur de talent. Il possède une incroyable capacité à raconter les titres et à habiter les paroles. Même en studio, son charisme est impressionnant. Les meilleurs exemples en sont probablement les deux blues de l’album. En effet, Scott y est aussi bien vicieux sur 'The Jack', qu’émouvant sur 'Little Lover'.
Bien sûr, le reste du groupe n’est pas en reste et nous offre un aperçu des ce qui deviendra le hard-rock à la AC/DC avec des titres comme 'Live Wire' avec sa basse qui ronronne, sa batterie imparable et sa montée en puissance des guitares, ou plus encore avec 'T.N.T'. Riff simple, puissant et efficace, batterie percutante, chœurs puissants et chanteur teigneux : tout les éléments sont réunis pour faire de ce titre le monument qu’il est devenu. Mais vous pouvez également aborder AC/DC par son côté boogie rock’n’roll irrésistible. Vos articulations seront mises à rude épreuve sur un 'Can I Sit Next To You Girl' au chant diaboliquement sexy et au riff sautillant, ou sur le titre éponyme, simple, efficace, groovy et au refrain d’anthologie. Une fois rajouté le paillard 'She’s Got Balls' où Bon Scott fait encore preuve de son inimitable talent à utiliser les doubles sens, vous pouvez déguster ce qu’il est possible d’appeler une première œuvre aboutie et devenue légendaire.
En effet, plus de 30 ans après sa sortie, "High Voltage" n’a pas pris une ride. Vous pouvez le poser sur votre platine sans qu’il ait à rougir de la comparaison avec des œuvres plus récentes dont il y a fort à parier qu’il soit le principal inspirateur. Car c’est bien d’une référence qu’il s’agit. En dehors du fait qu’il est possible de l’écouter en boucle sans s’en lasser, "High Voltage" est également un album historique qui pose les bases d’un style souvent imité, rarement égalé. Avec sa célèbre pochette, il est un incontournable de la légende du Rock !