The Neil Campbell Collective est un projet à géométrie variable mis sur pied par le guitariste classique d'origine britannique Neil Campbell et dont les premières productions datent d’il y a seulement cinq ans.
Après différents albums (huit déjà) mêlant à des éléments classiques (guitare, violon, violoncelle…) des incursions rock, folk voire drum and bass, le virtuose anglais revient avec "Ghost Stories", et contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, à des structures plus sobres comme ce fut le cas pour "Night Sketches" en 2004. Sortis sous le nom de "Neil Campbell (with Michael Beiert & Anne Taft)", pour lequel les collaborations mettent à profit le travail de l’allemand Beiert pour les samples vaporeux qui jonchent certains titres alors que Taft s’emploie sur les vocaux souvent sans parole - excepté sur " PSS " – l’album se veut une évocation de « la nuit avec ses atmosphères rêveuses et ses mélodies obsédantes ».
Et effectivement, cette description apportée par l’artiste lui-même illustre bien l’univers onirique et nébuleux qui se dégage de "Ghost Stories". Il faut avouer que ce résultat est d’abord et surtout le fait des vocalises d’ Anne Taft qui, un peu à l’image des chœurs sur l’éponyme « Atom Heart Mother » de Pink Floyd, relèvent d’un côté fantastique et spectral. La guitare classique de notre anglais reste pour sa part omniprésente - seul véritable instrument si on occulte les quelques notes de xylophones qui se perdent dans cet océan de cordes – bien que plus pondérée, plus en retenu. Des morceaux tels que " Mr S Meets JSB " font même figure de véritable étude pour guitare par leur aspect plutôt rigoureux. D'autres tels que "Sketch I" ou "Sketch V" procurent de leur côté une douceur nostalgique.
Globalement, aucun titre ne parvient à se singulariser des autres, et s'ils ne comptent pas de réels défauts, parvenant même à libérer ça et là une charge émotionnelle de façon tempérée, les morceaux n'apportent que peu d'innovation les uns par rapport aux autres. Même le chant soprano de Taft bien que du plus bel effet pourrait subir les mêmes remarques, n'ayant au final que peu de liberté de mouvement.
"Ghost Stories" possède dans son ensemble une beauté singulière, un climat reposant et rassurant de nuit de pleine lune. Peu enclin à mettre la barre haute techniquement, Campbell cherche à provoquer avec plus ou moins de réussite des sensations en accord avec le titre de l'album à savoir féerique et velouté. Possédant certaines propriétés de l'infusion, il est conseillé d'écouter ce disque avant se coucher, les yeux fermés.