A peine un an après la parution de son premier (et excellent) opus, The Reasoning nous revient avec Dark Angel, après avoir opéré quelques menus changements dans son line-up. Un nouveau guitariste tout d'abord, puisque Owain Roberts s'est substitué à Lee Wright. Et puis la belle Rachel, par la magie du divorce (ou du remariage ?) est passée (ou revenue ?) de Jones à Cohen. Enfin, cerise sur le gâteau, la production a été confiée au désormais quasi-incontournable du néo-progressif britannique des années 2000, j'ai nommé John Mitchell, dont je ne ferai pas ici l'injure de rappeler les innombrables contributions.
Et dès les premières mesures de Dark Angel, la patte du maître se fait entendre : le son est énorme, la production dynamique, rappelant bien entendu Arena, mais également Mostly Autumn dans sa période Storm Over Still Waters. Et non content de reprendre le meilleur de ces illustres modèles, The Reasoning en a également copié le moins bon, à savoir une batterie bourrin ... qui se calme heureusement très vite pour revenir à plus d'inspiration.
Par rapport à Awakening, les éléments folkloro-celtiques et notamment le violon, ont complètement disparu, au profit d'un néo-progressif vraiment puissant, dans lequel les guitares jouissent d'une dynamique nouvelle, à la manière des interventions de ... John Mitchell dans la dernière production d'It Bites. Les compositions sont soutenues par des nappes de claviers sans réelle originalité, mais donnant une couleur symphonique à l'ensemble. L'alternance (ou parfois même la superposition) des vocaux masculins et féminins permet également de varier les couleurs sonores, apportant ainsi un surcroit d'intérêt. Les différents titres vont à l'essentiel, et évitent de se perdre dans les méandres habituels servant parfois à justifier le terme progressif du style néo-progressif. Ainsi, hormis A Musing Dream qui serpente sur 9 minutes, les autres plages font dans la concision, ce qui n'empêche pas les développements instrumentaux et autres ruptures de thèmes.
Parfait exemple de cette capacité à synthétiser les bonnes idées en peu de temps, How Far to Fall va trotter longtemps dans la tête de l'auditeur de cette galette. Un blind-test amènerait inévitablement l'auditeur un tant soi peu cultivé à placer ce titre dans la discographie de Mostly Autumn. Plus globalement, outre les inévitables références au groupe de York, mais également à Karnataka groupe d'origine de quelques membres de The Reasoning, ou encore Magenta, c'est plutôt du côté de Landmarq que l'on trouvera les comparaisons les plus pertinentes pour ce nouvel opus, Call me God en étant le plus bel exemple..
Avec Dark Angel, The Reasoning passe avec succès le cap souvent redouté du deuxième album, se rapprochant tout prêt de la tête de liste des groupes de néo-prog britannique capables de produire des petites merveilles de composition qui font mouche à tous les coups. Bien qu'ayant quelque peu musclé son propos, le groupe n'a toutefois pas dérivé vers le métal désormais mis à toutes les sauces, conservant intacte sa capacité à délivrer la mélodie qui tue et les arrangements somptueux qui donnent envie de reprendre l'album au début dès la dernière mesure écoulée.