Question à 1 euro au « progueux de base » : qui est Peter Gee ? Trop facile ! Peter Gee, c'est le bassiste de Pendragon, groupe phare de la musique néo-progressive depuis maintenant plus de 25 ans. Bon, mais ensuite ?
L'amateur un peu plus éclairé pourra éventuellement ressortir de ses archives le fait que l'homme a sorti en 1993 et 1997 deux - bons - albums solo emprunts de spiritualité et inspirés par ses lectures bibliques (son père était pasteur, ceci expliquant probablement en partie la démarche qu'il détaille sur son site internet ... et en français s'il vous plait), mais peu d'entre nous mentionneront également le fait que Peter a (ou va) sorti(r) 2 albums de gospels, ainsi que deux ouvrages relatifs à la vie et la mort et toutes les interprétations religieuses qui tournent autour.
Alors, Peter Gee engagé dans une démarche à la Neal Morse ? Spirituellement peut-être, même si on le sent quand même moins vindicatif que l'ex Spocks Beard. En revanche, du côté de la musique, les deux se retrouvent aux antipodes l'un de l'autre.
Du côté de l'acolyte de Nick Barrett, point de fusionnement progressif en tout genre, point de constructions alambiquées ni de rupture rythmique ou mélodique, et peu de références à son groupe d'origine. Tout n'est ici que douceur, mélancolie et mélodies soignées, reprenant en ce sens le flambeau là où il l'avait laissé en 1997 avec A Vision of Angels.
En revanche, on ne trouvera pas ici de titre vraiment phare, propre à faire décoller les émotions. D'une plage à l'autre, on retrouve les mêmes sonorités, les mêmes schémas certes superbement exécutés, mais manquant un tantinet de punch et de surprise. Ainsi, excepté le solo de guitare de A Matter of the Heart, le reste se complaît dans une musique un peu trop policée, où semblent transpirer à chaque mesure les convictions de l'artiste, superbement rendues (et il faut lui rendre hommage d'ailleurs) par un Steve Thorne vraiment inspiré. Il est à noter également quelques ratés, comme ce Canaletto, véritable caricature de la (mauvaise) musique d'église.
Et pourtant, malgré ces défauts et la longueur (pour ne pas dire langueur) exagérée de l'album, on se surprend à le remettre avec plaisir à son début : simple magie de la musique ? Sincérité évidente de l'artiste qui parvient à transmettre ses émotions ? Ou bien tout simplement l'effet du Message avec un grand M ? Si je ne m'avancerais pas sur ce dernier point, je peux en revanche affirmer sans trop me tromper que les deux premiers arguments sont certainement prépondérants dans la perception que l'on aura de cet album. A vous de juger.