Si le succès fulgurant de Led Zeppelin durant la première partie des années 70 s’explique de nombreuses manières, l’une d’elles est sans doute la puissance qu’ils dégageaient en concert. Le mystère créé autour du groupe donnait une ambiance de concert particulière et grandiose. Les fans sortaient conquis, mais pour revivre ces évènements, ils n’avaient d’autre choix que de se rabattre sur les plus ou moins bons bootlegs qui circulaient en masse, au grand désespoir de Peter Grant. Pour remédier à cette absence de support, Jimmy Page, qui collectionne les enregistrements live de son groupe comme d’autre les timbres, ressort le concert de 1973 au Madison Square Garden pour aboutir au premier « live » officiel de Led Zeppelin.
Il ne faut pas se voiler la face : le résultat, sans être mauvais, est bien en deçà de ce que peut attendre quiconque les a vu en concert ou écouté les bootlegs. Les enregistrements ont servi également de support à un film-documentaire dont les scènes intimistes (Robert Plant à cheval, ou Jimmy Page jouant à l’ermite) ne furent pas du goût de tout le monde. Toujours sur la forme, l’album se compose de neuf titres sur deux CD, avec de longues versions qui nuisent parfois à la fluidité du tout, le frappant ainsi du fameux « syndrome de Tales From a Topographic Ocean ».
Sur la musique, pas grand-chose à redire, les expérimentations sur "Dazed and Confused" sont toujours aussi jouissives, "Stairway to Heaven" est un réel bonheur, avec un Plant parfait, et des titres comme "No Quarter" ou "The Rain Song" passent très bien l’épreuve de la scène. Les quelques bémols sont sur des morceaux comme "Rock n’ Roll" ou "The Song Remains The Same", poussifs et trop brouillons, alors qu’ils devraient être les moteurs du concert en insufflant de l’énergie. De plus le fait que ces concerts interviennent en fin de tournée se fait ressentir, avec parfois un manque de spontanéité et d'entrain de la part du groupe.
Heureusement pour les fans, le terme « remasterisé » occupe une grand place dans la vie de Jimmy Page, et c’est sans surprise mais avec bonheur que déboule en 2007 la version remasterisée et étendue de ce concert. Pas moins de 6 titres viennent s’ajouter à la track-list originale, et pas des moindres puisqu’il s’agit entre autres de "Black Dog", "Heartbreaker" ou encore "Since I’ve Been Loving You". Et c’est bien là la magie du père Page, car ces ajouts donnent une nouvelle crédibilité au live, les longues improvisations étant coupées par des morceaux plus directs. Le ton global du concert en devient donc également plus énergique.
Il est d’ailleurs étrange (mais agréable) de remarquer que les titres ajoutés sont dans l’ensemble meilleurs que les originaux. En effet la version de "Since I’ve Been Loving You" n’a rien à envier à celle de "How The West Was Won", ainsi qu’ "Over The Hills And Far Away", très réussie également. Les morceaux d’origine, mieux mis en valeurs (puisqu’ils sont moins « subits » par l’auditeur) révèlent leur lot de bons moments avec en premier lieu l’improvisation d'un "Dazed and Confused" mystique. Il est juste regrettable que "No Quarter" soit amputé de deux minutes, mais c’est un détails noyé dans le plaisir qu’apporte malgré tout ce live. Le son change par rapport à "How The West Was Won", étant plus pompeux, plus sale parfois, montrant ainsi une facette indispensable du Zeppelin en live.
Même s’il est clair qu’il ne s’agit pas d’un grand concert, cette nouvelle version vaut son pesant de cacahuètes. Tous ceux qui ont trouvé à redire sur la première version seront sans aucun doute satisfaits par celle-ci, et se doivent de se la procurer si ce n’est encore fait. Que monsieur Page continue à nous faire des cadeaux comme celui là, et on lui pardonnera peut-être "Mothership".