Après six ans d’existence discographique et trois albums, le groupe norvégien Sirenia s’est déjà imposé comme étant un des leaders de la scène metal symphonique/gothique. Après un premier album plutôt axé black metal et gothique, l’évolution a révélé la tendance symphonique du combo, avec un "Nine Destinies And a Downfall" plus accessible et dans la lignée de ce que peut faire un Nightwish.
La nouvelle version de Sirenia, avec l’habituelle nouvelle chanteuse Ailyn (quatrième chanteuse pour quatre albums) mais surtout le départ du guitariste Bjørnar Landa remplacé par Michael Krumins, semble bien décidée à poursuivre dans cette voix directe et efficace. En effet la première écoute révèle un album très clair et mélodique. La guitare, toujours aussi puissante pour délivrer des gros riffs, propose par ailleurs des mélodies que d’aucun qualifieront d'édulcorées mais qui rajoute de la couleur à l’album et donne un coté plus rock ("Beyond Life Scenery") qui fera bouger les têtes.
L’accent est particulièrement mis sur le coté Symphonique des compositions, avec des claviers surpuissants et orchestraux qui font plus que jamais penser au maitre Nightwish (intro de "The Seventh Summer"). Il est d’ailleurs à noter que l’énorme production ne fait pourtant pas trop saturer l’auditeur et donc dessert intelligemment le coté pompeux des morceaux. Je ne peux m’empêcher de citer la deuxième moitié de "Led Astray", au cours duquel les ruisseaux de piano s’intègrent sans difficulté au délire sympho-opera pour exploser dans un déluge de décibels. Dans cet exemple, chaque élément est audible et bien mis en avant, permettant de profiter de l’énergie du morceau au maximum.
Tout n’est cependant pas parfait et cet album révèle aussi des faiblesses. La première est à trouver du coté du chant. En effet la voix, certes radieuse, d'Ailyn, n’est pas utilisée de façon optimale. Ses lignes de chants se posent de manière un peu linéaire sur des riffs qui le sont parfois déjà trop. Je ne peux m’empêcher de penser qu’une utilisation plus lyrique aurait ajouté un peu de diversité aux morceaux (par exemple sur le break de "Winterborn 77"). Car c’est aussi là que le bat blesse. Les titres s’enchainent dans un volume incroyable, et si les introductions des chansons sont parfois sublimes (je pèse mes mots), les développements peinent un peu plus à retenir l’attention.
Il est regrettable que les titres ne soient pas plus à même de produire de la matière satisfaisante pour le mélomane, car de très bons passages parsèment cet album et la production est un vrai modèle du genre. Ceux qui trouvent que Sirenia a emprunté la mauvaise voie en s’éloignant du son black des débuts trouveront que cet album tend à se rapprocher de la musique de Nightwish sans en posséder tous les arguments. Ceux qui sont simplement à l’affut d’un bon album dans ce style auront de quoi s’occuper avec "The 13Th Floor".