Après 6 albums studio en 7 années d'existence, puis une sorte de première conclusion sous la forme d'un double cd best-of/chutes de studio/remix (le bien nommé 7 Years), Millenium reprend son rythme effréné de sorties annuelles, avec pour 2008 un EP (voir la chronique par ailleurs) puis un nouvel album studio tout frais sorti des studios de chez Lynx Music, propriété du clavier/fondateur du groupe Ryszard Kramarski.
Pour ceux qui l'ignorent encore, Millenium est un groupe polonais faisant dans la tradition progressive locale, à savoir le néo-progressif, à grands renforts de nappes de claviers et autres soli de guitare fortement inspirés des maîtres du genre, tendance Gilmour ou Rothery par exemple. Rien de bien original en général, mais des albums agréables à écouter, le dernier en date (Numbers ... ayant toutefois montré que le groupe pouvait se hisser aux côtés des meilleurs représentants du pays dans ce genre.
Avec Exist, Millenium poursuit la direction entamée sur Three Brother's Epilogue quelques mois auparavant, à savoir la déclinaison de son style sur des morceaux aux durées franchement progressives. Le supérieur à 10 minutes est devenu la norme, et l'on ne trouve ainsi que 4 titres pour composer ce nouvel opus.
Pourtant, malgré ce nouveau format, la patte du groupe se retrouve dès les premiers instants de Embryo : nappes de claviers modernes, avant que la guitare floydienne ne vienne poser son empreinte pendant que les sonorités de Kramarski s'autorisent quelques grands écarts entre du Mellotron (samplé ?) ou de l'orgue Hammond, et des sonorités de flûte New-Age, le tout au service de mélodies qui font mouche rapidement.
Durée des titres aidant, Millenium prend son temps pour développer son propos, entrecoupant les parties vocales de longues plages instrumentales dominées principalement par la guitare.
Style bien balisé, bien propre sur lui, sans originalité et totalement dénué d'intérêt penseront ceux qui ne jurent que par des rythmiques alambiquées et des ruptures de thèmes toutes les 15 secondes… Effectivement, le groupe fait du néo... Et c'est tout ! Et en général, il le fait plutôt bien. Mais, là où le bât blesse un (tout) petit peu, c'est que Millenium cultive l'art de conjuguer nombre de qualités, assorties de défauts récurrents qui viennent gâcher le plaisir.
Ainsi, comment expliquer les baisses subites de « tension », notamment dans Embryo et dans une moindre mesure Rat Race où, après des passages symphoniques puissants et d'une ampleur jouissive, un instrumentiste se retrouve complètement livré à lui-même, avec un accompagnement minimal digne d'une sonnerie de portable polyphonique (!). Ou encore l'horrible démarrage synthétique avec batterie « science-fiction » (écoutez, vous comprendrez) qui enlaidit le pourtant réussi Up & Down ?
Et puis, comment passer sous silence la performance vocale de Lukasz Gall, franchement très peu inspiré sur cet album : sa voix semble à la limite de l'éraillement, et surtout ne parvient pas à conserver une justesse à la hauteur des arrangements de ses collègues. Où sont donc passées ses vertes années (Vocanda et Reincarnations) avec sa voix de velours ?
Ces quelques petits défauts font qu'une nouvelle fois, Millenium nous produit un album que l'on qualifiera d'agréable, de sympathique, mais qui manque encore la marche qui lui aurai permis d'accéder enfin à la première division des groupes de néo polonais, aux côtés des Quidam, Collage, Satellite et autres Believe. Pour l'année prochaine peut-être ?
A noter l'initiative originale du groupe (ou du label), qui fournit l'album sous forme de digipack, dans lequel ont été glissés jaquette et livret pour ceux qui souhaiteraient les intégrer dans un boitier cristal en lieu et place de la version originale.