L’histoire d’aujourd’hui aurait pu se dérouler il y a trois ou quatre décennies, toutefois elle est bien actuelle. La scène aurait pu se tenir dans les plaines du Nord-Est des Etats-Unis, théâtre du légendaire festival de Woodstock, cependant le choix s’est porté sur le Sud de la Suède pour retracer l’origine de " Skogsbo is the place ".
A vrai dire, toute référence à une lointaine période hippie tient moins de l'aspect psychédélique de leur musique qui n’en possède aucun attribut, que sur cette apparente insouciance, cette fraîche légèreté qui se dégage avantageusement des titres.
La fleur au fusil, Barr parsème joyeusement l'album de ses sept longues ritournelles aussi délicates qu'irrésistibles comme une semeuse pourrait répandre généreusement sur le sol les graines d'un bonheur à venir. Bonheur, du moins très grand plaisir, qui ne tarde pas à se faire sentir à mesure que se profilent à nos oreilles de manière plutôt exemplaire une richesse musicale et de séduisants refrains.
Afin de mener à bien leur dessein, les suédois s'entourent d'instruments tels que des violons, un piano, de légères percussions, un harmonium ou des arpèges de guitares accentuant l'aspect organique de leur musique mais aussi la sérénité ("Summerwind", "Skogsbo Is the Place"), une certaine nostalgie (le long "Sister Lovers Alone" découpé deux parties par quelques chants folkloriques) voir un côté fédérateur et fraternel ("Calling My Name") Les voix tranquilles de Patrik Andersson et celle d'Hanna Fritzson procurent le reste de quiétude et de détachement qui pouvait, le cas échant, être nécessaire afin d'atteindre un ultime niveau d'apaisement.
Dépassant généralement les six minutes, les titres s'étirent ainsi nonchalamment, mettant en exergue presque inconsciemment cette sensibilité, cette fragilité qui fait désormais corps avec l'élégance de ces petites musiques de jour. C'est manifestement la simplicité, l'émotion immédiate qui priment sur cet album ; nul besoin de complexité, Barr communique par des paroles murmurées ainsi que par des mélodies pacifistes.
"Skogsbo is the place" dont le titre semble avoir été créé dans le seul but de rappeler à l'auditeur qu'il s'agit de folk "made in Sweden" est à voir comme un "déjeuner sur l'herbe" peint par des beatniks. C'est aussi un album presque intemporel, qui n'a pas eu le temps de vieillir malgré son air suranné, et qui respire de cette innocence qui fait parfois les grands disques.