Sine Star Project est une formation dont la réputation est encore à faire mais qui se paie déjà le luxe d’occuper en Angleterre le prestigieux poste de première partie pour la tournée de Marillion. Et non seulement nos jeunes voisins d'outre-manche jouent avec les grands mais de plus ils n'en sont qu'à leur second album, après "Blue Born Earth Boy" sorti deux ans plus tôt sous les éloges de leurs pairs.
Musicalement, "Building Humans" sort quelque peu des sentiers battus tout en évoquant plus ou moins discrètement certaines muses bien connues. Certaines muses ou plutôt un certain Muse car force est de constater que les attributs caractéristiques du célèbre groupe britannique (bien que les référence avérées avec Queen ou The Mars Volta soient loin d'être irrecevables), sont partiellement utilisés tout au long de cet objet de moins de quarante minutes. Ainsi, outre une voix de tête, tirant vers les aigus, parfois murmurant les textes, ce sont dans les sémillants pianos et guitares ou dans ces refrains percutants que la filiation se fera le plus sentir.
Malgré cela, il est difficile de parler de cet album aux multiples facettes, au style changeant, proposant de ce fait des émotions variées. Aux titres plutôt enjoués, rythmés, s'inscrivant fièrement dans une veine rock ("Bleeding Like A Dog", "Brown Bread", "The Temptress") suivent des moments plus introspectifs ("Chinese Drag Queen"), empreints d'une fragile sérénité ("Little Bird") jusqu'à "Eternal Sadness For Man" suintant durant cinq minutes une poignante mélancolie comme son titre pouvait le laisser penser.
Dans tous les cas, d'étranges sensations, peu ou mal définies, se mêlent à la musique de Sine Star Project, de celles qui font face à des compositions ambitieuses mais que l'auditeur peine à maitriser. En l'espace d'un si court moment, Peter j Croissant, tête bouillonnante du quintet, crée non pas un mais dix univers aux contours décidés par lui seul, aux atmosphères tantôt solennelles, tantôt plus pétillantes.
Building Humans est un album qui prend du corps et du bouquet avec le temps et d'autant plus que les écoutes se succèdent. S'il ne met pas à jour un retentissant chef d'œuvre, il permet de présupposer pour ce projet un avenir frappé du seau de la reconnaissance collective et pour l'instant des applaudissements franchement mérités.