Mysteries Of The Revolution (MOTR) s'est formé autour du noyau rythmique du Red Orchidstra qui est connu dans les milieux du jazz pour avoir composé la BOF de "Get Carter". Mais c'est surtout le fruit de la collaboration de BB Davis avec le claviériste français Dan Biro et le bassiste anglais Mark Smith. BB Davis s'exprime dans un mélange de genres qui flirte avec le psychédélisme des 70's et le jazz. Ces influences avouées vont de Miles Davis à Beefheart en passant par Herbie Hancock (entre autres).
En guise d'introduction, MOTR nous lance un Welcome très 'chorale' dans les premières mesures, mais qui donne aussi le ton très groovy de l'album : grosse ligne de basse sur batterie jazzy. Le Hammond qui règne en maitre sur les 10 minutes de The Crunch n'étonne donc pas l'auditeur qui commence à comprendre de quel bois harmonique BB Davis se chauffe !! Malheureusement pour les amateurs de nouveautés, les titres vont se succéder sans vraiment sortir de cette orchestration centrée sur cet orgue jazzy par définition qu'est le Hammond. L'exécution est très pro mais, pour moi qui aime bien le jazzy sans être fan de jazz, on donne là dans une succession de ballades bien rythmées mais manquant sérieusement de surprise.
Il faudra attendre le cinquième titre (Moonfrog's Tucker) pour changer un peu de registre, le piano remplaçant le Hammond dans une sorte d'errance un peu abstraite. Vue sa brièveté, nous considèrerons que ce n'était qu'une introduction à la plage suivante (Nico) qui se révèle plus facile d'accès, mais sans réel moment fort. Enfin, arrive un peu d'exotisme avec Secret Fire, où l'orient pointe ses accents musicaux et même un peu de sa voix grâce à des vocaux (j'ai pas dit du chant !!) dus à Yussuf "Squeeze Gut" Ali.
La dernière partie de l'album se partage entre ballade Hammondisée (Romantica, ballade pianistique (Have you seen enough dont la seconde moitié est heureusement plus musclée) et errements bruitistes (Evolution). La petite curiosité intéressante cachée au cœur de cet ensemble un peu lisse se révèle être un titre très court, Big Buddah, où l'on peut entendre de la flûte percutante et roucoulante (j'entends, par flûte percutante, cet effet obtenu quand l'instrumentiste souffle par à-coups plutôt que de façon continue). Ce petit scat instrumental reste pour moi la pièce la plus attachante de l'album.
Je suis en fin de compte assez généreux sur la note car je reconnais la qualité des instrumentistes. Reste que si l'intérêt de l'album ne résiste pas à une écoute analytique, il se laisse entendre sans déplaisir.