En écoutant cet album, confortablement installé dans notre année 2008, la première remarque qui s’impose à l’auditeur désorienté est : « mais d’où ça sort, ça ? ». En effet, bien que The Cotton Soeterboek Band ne soit formé que depuis 2006 par Alan Cotton et Robert Soeterboek (ça ne s’invente pas…), et que ce dernier ait collaboré avec le très moderne Arjen Lucassen, cet album est une agréable parenthèse vers les années 70.
Dès l’introduction d’un "Set Me Free" entrainant, une myriade de références nous vient à l’esprit, tel que l’emblématique Deep Purple ou encore Uriah Heep pour la complémentarité entre guitare et synthétiseurs, créant un véritable mur de swing et de groove, mais aussi les poussiéreux Lynyrd Skynyrd, avec des ambiances renvoyant au southern rock. Le chant très mélodique insuffle par exemple un coté bluesy qui marquera tout l’album, mais qui sera aussi astucieusement contrebalancé par des riffs aux sonorités hard ("Still Of The Night"). Quelques couleurs sont apportées par l’utilisation de claviers et piano distillée sur l’album. Le fil conducteur est sans conteste l’ambiance, ce qui exclue naturellement toute volonté de démonstration instrumentale, mais les protagonistes ne sont pas pour autant manchots, comme en témoignent les soli d’orgue ("Gold and Gray") et de guitare ("Twisted").
Alors bien entendu, pour l’originalité de la musique, il faudra repasser. Certes, l’auditeur évolue en terrain connu, mais cela va parfois jusqu'à une certaine impression de déjà entendu (le riff de "Set Me Free", entendu chez Purple, certains refrains entendus chez Whitesnake). Le minimalisme pourra ainsi ennuyer avec un nombre de soli, breaks et autre éléments qui rendent une écoute plus vivante réduits ici au minimum syndical, ce qui a pour conséquence une écoute prolongée un peu lassante. Cependant le but de cet album est-il l’originalité et la démonstration ? Il semblerait plutôt qu’il s’agisse ici de se rapprocher au maximum de l’esprit seventies. Cet objectif est largement rempli et amène un coup de jeune à cette musique, avec une production dynamique.
Quoi qu’il en soit, personne ne pourra nier le soin apporté au travail et à l’authenticité du tout. Les amoureux des années visées et des groupes cités seront sans conteste séduits. Une telle démarche avait trouvé des amateurs pour des groupes comme Presto Ballet, et si l’ambiance est ici plus proche d’un hard blues sympathique, The Cotton Soeterboek Band mérite que l’on reconnaisse la qualité de son travail.