Une année après trusté les ondes des rares chaînes télé musicales avec le détonant single « Message de Paix », nous n’irons pas jusqu’à dire que les Troïdes Priamus Hecuba étaient attendus au tournant par une partie de la rédaction de Music Wave. Cependant, c’est avec une certaine curiosité que nous attendions d’entendre le résultat du deuxième opus des lyonnais.
Car là où certains groupes exploitent jusqu’à épuisement un filon, TPH joue ouvertement la carte de la diversité comme nous avions pu nous en apercevoir sur le premier album datant de 2005 « Bienvenue à Biozland ». Une musique à la démarche que nous qualifierons de fusion risquée, tant le mélange ambitieux peut s’avérer soit hautement addictif pour tout amateur à l’esprit assez ouvert de musique rageuse ou au contraire, un bruit incongru pour les réfractaires à toute originalité. THP ose le mélange hardcore du chant reggae, rap, punk… emmené par une musique métal à laquelle se mêlent quelques sonorités techno.
Au petit jeu des comparaisons, certains passages évoqueront soit Carnival in Coal, soit Fatal Bazooka (l’interlude « Cimetière Indien »), tout dépendra des références musicales… Ceci étant dit, ces parallèles reflètent parfaitement le grand écart effectué par THP, exercice de style d’autant plus périlleux s'il est fait en présence d’oreilles non préalablement échauffées.
Pour ce deuxième effort, THP combine titres directs aux riffs métalliques incisifs comme « Cyborg », « T Ki ? », le désormais ultra-connu « Message de Paix » ou encore le morceau fusion « La Résistance est Tenace » évoquant fortement « Plus Fort » de Watcha, et titres appartenant à d’autres styles comme « Wock’n Woll » au riff très gras heavy dans la pure tradition blues rock avec son final « live » déjanté digne du casting de canards d’Ultra Vomit, qui vaut d’ailleurs le détour pour ses discours post-concert d’un public enivré. Enfin, en tant que webzine, on ne pouvait pas passer sous silence « MP2P3 », composition réunissant un certain nombre d’artistes de la scène musicale lyonnaise qui se livrent une joute verbale dans laquelle chacun expose sa vision diamétralement opposée sur le téléchargement…
Derrière l’apparent délire permanent, les treize titres rageurs qui composent « Vous êtes ici… ?! » s’avèrent être une critique acide mais malheureusement lucide de notre société. Critique débitée sous un flow hardcore tantôt reggae, rap, punk voire thrashy avec comme constante la vitesse, ce qui fait que derrière un mur de son métallique, l’auditeur ne percevra pas entièrement le contenu de la satire sociale évoquée par Miguelito.
Sans réelle surprise, « Vous êtes ici… ?! » est dans la droite lignée de son prédécesseur à savoir un album profondément metal qui se permet des incursions dans de très nombreux styles. Un cocktail détonnant donc qui peut toutefois s’avérer assez difficilement digeste tant l’heure d’enchevêtrements de flow et de sons rageurs proposée ne connaît aucun réel répit…