L’Espagne nous a habitués à découvrir quelques formations talentueuses, notamment dans le domaine du métal progressif par le biais des excellents Darksun. Mais il s’agit maintenant de présenter un groupe pas vraiment nouveau, puisqu’existant depuis 2004, qui s’abreuve lui d’une inspiration nettement plus féroce. Infernoise a toutefois déjà ouvert sa voie discographique en 2006 avec un maxi single autoproduit.
Pour passer à la vitesse supérieure, Infernoise obtient une signature chez Locomotive Music pour la distribution de son premier véritable opus très gentiment baptisé "The Chainsaw’s Law". Un léger coup d’œil sur l’artwork suffira à convaincre légitiment que ce quatuor ne donne pas dans la ritournelle ou la comptine pour enfant à endormir sagement.
Doté d’une production tirée au cordon (entendez par-là nette et précise mais dégageant une brutalité toute légitime) assurée par l’actuel leader et guitariste de "Revolution Rennaissance" Timo Tolkki, "The Chainsaw’s Law" embarque l’auditeur dans un univers thrash métal puissant et totalement irrévérencieux. En outre, les prouesses vocales dispensées par Rown Houland, agrémentées de hurlements et autres crachats en guise d’introduction ou de finish, rappellent irrésistiblement un certain Phil Anselmo à l’époque où il tenait le micro chez Pantera. Quant au guitariste, IX Valieri, son style de jeu est fortement influencé par le génial mais malheureusement disparu "Dimbag" Darrel. Faut-il encore ajouter que la section rythmique puise quelques-uns uns de ses plus redoutables plans dans l’héritage laissé par le duo Vinnie Paul/Rex Brown ?
Sans hésiter une fraction de seconde, la réponse est oui. Infernoise tente de remettre en selle la recette qui fit découvrir et surtout auréoler de succès le combo texan. Cette comparaison avec Pantera restera d’autant plus forte qu’inévitable tout au long de "Chainsaw’s Law". Si les riffs tronçonnent des stères de bois pour passer l’hiver au chaud (logique, avec un titre pareil…), ils n’en demeurent pas moins habités d’un irrésistible groove qui donne envie de battre la mesure sans relâche. De plus, chaque titre est enrobé de soli techniques agrémentés d’harmoniques aussi sifflantes que dissonantes. Mais les excès vocaux dont fait preuve Rown Houland finissent tout de même par irriter, voire agacer un peu surtout en fin de parcours.
"Chainsaw’s law" regorge de cette estimable influence qui a néanmoins largement de quoi apporter de l’eau au moulin des détracteurs du genre. Ceux-ci ne peuvent que se réjouir de crier au plagiat et à l’infamie envers Infernoise. Vous rendez-vous compte que cette formation espagnole pille sans vergogne dans le patrimoine laissé à la dérive par Pantera ?
En relativisant quelque peu, Infernoise ne semble pas pêcher par orgueil mais cherche plutôt à gagner ses galons dans ce créneau trash/power métal en empilant un maximum d’atouts de son côté. Mais il faut cependant reconnaître que cette production place effectivement Infernoise encore beaucoup trop dans l’ombre du géant texan (surtout sur la période couvrant "Cowboys From Hell" et "Vulgar Display Of Power"). Mais le potentiel et la rage affichés par ces fougueux ibères laissent à penser qu’ils sont entièrement capables, en affinant leurs personnalités et surtout en modulant davantage les vocaux, de sortir de cette apparente ornière qui les condamnerait à séjourner dans les fragrances d’une simpliste "vulgaire copie de Pantera".