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Je me suis toujours posé la question de savoir pourquoi, à un moment donné ou à un autre, un artiste voyait soudain son existence chamboulée grâce à un titre, et surtout pourquoi une chanson précise parvenait à connaître un succès planétaire ? Pour Mike Oldfield, la réponse tient en deux événements : tout d'abord, la B.O. du film l'Exorciste, popularisant au-delà du vraisemblable un Tubular Bells qui n'en avait guère besoin (et ce malgré une apparition presque furtive du thème principal dans le film). Et puis, en 1983, LE titre qui allait passer son compositeur et son interprète, Maggie Reilly, à la postérité, j'ai nommé le toujours diffusé Moonlight Shadow. Une mélodie qui cramponne l'oreille, des arrangements simples mais qui font mouche, le solo de guitare qui va bien et puis … et puis peut-être un peu de chance !
Mais résumer Crises à ce seul titre serait vraiment réducteur, et surtout bien peu accrocheur pour les fans de la première heure (et les amateurs de progressif tiens donc).Dans la lignée de Fives Miles Out, Mike Oldfield est cette fois entouré d'un véritable groupe, les parties vocales étant portées principalement par Maggie Reilly, avec toutefois deux invités prestigieux dont nous reparlerons.
La "première face" de l'album propose à nouveau une plage longue, très longue, aux sonorités très synthétiques, et soutenue par un Simon Philips en état de grâce derrière ses fûts. Mike Oldfield modernise son propos, écartant notamment les passages celtisant et les interventions vocales féminines de Taurus II, pour tricoter une pièce un tantinet répétitive, la faute à des thèmes étirés et une coloration trop synthétique. L'ensemble s'écoute néanmoins de bout en bout sans lassitude, mais on ne retrouve pas l'étincelle qui permettrait de faire décoller l'ensemble.
La deuxième face est résolument pop, bien ancrée dans son époque, et présente une suite de chansons de qualité inégale. Aux côtés du tube intergalactique dont il fut question précédemment, nous retrouvons un instrumental mettant en valeur la dextérité du maître de la 6 cordes, mais bizarrement dénommé Taurus III et ne comportant aucun lien de parenté avec ses deux illustres prédécesseurs … quant à son intérêt … passons. Maggie Reilly, outre sa performance dans Moonlight Shadow, est également créditée sur une Foreign Affair, petite bluette à la mélodie harmonieuse mais tournant rapidement en rond. Et dire que cette chanson a été reprise quelques années plus tard par une chanteuse française dont on a rapidement oublié le nom ! Heureusement, deux guest-stars viennent relever le niveau de cette deuxième partie d'album : Jon Anderson tout d'abord, qui vient prêter sa voix en or sur un In High Places subtil et délicat (et en tout cas bien mieux réussi que la deuxième collaboration entre les deux hommes qui accouchera plus tard d'un Shine à oublier). Et puis, le meilleur pour la fin, avec la prestation homérique du désormais regretté Roger Chapman, qui déboule comme un furieux pour un Shadow on the Wall absolument dantesque (et dont je conseille vivement la version allongée présente sur la compilation The Complete), mariage entre l'électricité maîtrisée de la guitare et la voix éraillée/saturée du bonhomme : une vraie réussite !
Album un peu court, coincé entre les deux chef-d'œuvre que sont Fives Miles Out et Discovery, Crises reste néanmoins un bien bel album, desservi toutefois par quelques écarts de qualité et surtout éclipsé par la renommée incroyable de "l' ombre de son clair de lune".
Plus d'information sur
http://www.mikeoldfieldofficial.com/
LISTE DES PISTES:
01. Crises - 20:53 02. Moonlight Shadow - 3:38 03. In High Places - 3:34 04. Foreign Affair - 3:52 05. Taurus 3 - 2:26 06. Shadow On The Wall - 3:10
FORMATION:
Ant : Guitares Jon Anderson: Chant Maggie Reilly: Chant Mike Oldfield: Chant / Guitares / Basse / Claviers Phil Spalding: Basse Pierre Moerlen: Vibraphone Rick Fenn: Guitares Roger Chapman: Chant Simon Phillips: Batterie
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(1) AVIS DES LECTEURS
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La chronique me semble analyser très justement ce Crises, un album s'inscrivant dans la suite de la lignée musicale Oldfieldienne depuis la sortie de Platinum: un premier titre assez long, réunissant des élans progressifs et des tendances pop ou rock, suivi d'un certain nombre de pièces plus courtes, aux couleurs variées.
Pour Crises, je placerais bien la barre à 7,5/10, presque 8, mais pas tout à fait. Le morceau éponyme, bien que talentueux, variant les rythmes et les styles avec le brio habituel de Mike Oldfield, souffre quelque peu en effet de sa tonalité un brin (trop) synthétique. Il est par ailleurs davantage "prévisible", moins audacieux qu'un Platinum sur l'album du même nom, ou qu'un Taurus II sur Five Miles Out.
En revanche, le reste est brillant, sans être exceptionnel toutefois; il n'y a pas vraiment de "creux de la vague", comme c'est le cas à mon sens sur Five Miles Out. Moonlight Shadow est LE morceau de Mike Oldfield que tout le monde connait, trop commercial diront certains, mais quelle énergie, quelle mélodie ! une fraîcheur intemporelle s'en dégage. In high places, Foreign affair, et les suivants également apportent chacun leur pierre à l'édifice. Chacun trouve sa place, tout en défendant sa propre originalité.
L'utilité de Taurus III ? élémentaire, mon cher Watson: sa clôture est essentielle pour introduire Shadow on the Wall, de manière percutante ! ;-)
Même petit reproche, toutefois, à Shadow on the Wall qu'à Five miles out, l'éponyme de l'album précédent: j'aurais aimé un développement plus conséquent. Il y avait sans doute moyen de prolonger un peu ce rocker de Shadow, et de lui trouver pour final autre chose qu'un banal fade out.
En tout cas, du bon Mike Oldfield, presque très bon !
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(3) COMMENTAIRE(S)
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Personnellement, je considère la suite "Crises" comme un petit bijou, un véritable chef-d'oeuvre, un monument de rock progressif. Ce titre justifie à lui seul l'acquisition de l'album. Ciselé comme un diamant, parfois vaporeux, souvent percutant, avec des ruptures soudaines ou des transitions progressives. Magnifiques jeux de batterie, de basse, avec une guitare toujours aussi créative. L'exploitation des claviers, conséquente ici mais pas du tout rébarbative, est subtile et optimale. Certaines nappes, avec une réverbération dosée finement, vous expédient dans la stratosphère.
A partir de la 12ème minute, c'est absolument sublime jusqu'à la fin, avec ce son électronique répétitif envoutant, puis l'arrivée de cette batterie qui frappe d'abord de manière un peu erratique, séchement, parfois presque violemment, enfin cette apothéose finale flamboyante qui vous décolle de votre siège, avec la batterie qui devient une puissante locomotive à vapeur lancée à pleine vitesse pour appuyer un déchainement des autres sonorités. Enfin vient cette délicieuse touche finale de 30 secondes pour soulager l'énorme tension, avec une douce nappe de claviers éthérées qui se dissolvent lentement dans le silence.
Le reste de l'album est moins homogène. "Moonlight Shadow" dont on ne pourra pas nier le succès interplanétaire et probablement intergénérationnel. Certes une bonne chanson, une belle prestation vocale, mais bon, je ne m'en lève pas la nuit. "High Places", superbe interprétation de Jon Anderson (YES) avec sa voix reconnaissable entre toutes, sa montée dans les aigus et une belle réverbération pour donner une touche gazeuse à cet air entrainant et plein d'énergie positive. toute l'instrumentation sert merveilleusement cette voix magnifique. J'aurais clairement préféré que cette chanson ait le succès que le titre précédent s'est octroyé... "Foreign Affair" est une bluette dont je dirais que le thème principal fait "un peu court" ; du coup, ça tourne en boucle sans arrêt et c'est manifestement trop long. Pas déplaisant, mais on se lasse vite. "Taurus III" m'est un peu hermétique, avec ses rythmes hispanisants, parfois un peu trop "bruyant" mais surtout un peu en décalage avec le reste. "Shadow on the Wall", autre tube en puissance, plus rock, plus "commercial". Effectivement un bon concurrent de "Moonlight", dont il partage à égalité l'intérêt musical, avec en plus un caractère plus rugueux, plus "viril".
Album à se procurer absolument, ne serait-ce que pour "Crises".
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Wallis Franken était son nom (oubli du précédent message)
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Chronique très juste, ´´Moonlight Shadow´´ a permis à Mike Oldfield de se faire une place d´or toutes les heures sur RTL2. On y trouve encore de bonnes traces de prog (´Crises´ qui n´a pas à rougir des précédentes suites). Comme le dit Tonyb, il est impossible de prédire pourquoi ´´Moonlight Shadow´´ est devenu un tube malgré ses attraits évidents. Que se serait-il passé si ´´Shadow On The Wall´´ avait pris la place du tube. Mike Oldfield aurait-il pris une direction plus hard? Petit bémol et cela ne concerne pas l´album mais la dame qui a repris Foreign Affairs en francais s´est suicidée en 1996...
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3.4/5 (5 avis)
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3.6/5 (8 avis)
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