Richard Barbieri, ce nom ne vous dit rien ? Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire. Il fait ses débuts en 1974 aux côtés de David Sylvian dans le groupe Japan, petit ovni dans le paysage musical de l’époque. C’est lui qui initiera notamment l’utilisation croissante de sons et autres rythmiques avec les claviers, mouvement repris à outrance dans les années 80. Citons parmi les morceaux les plus connus le très mélancolique Nightporter, l’instrumental Canton et le single Ghosts. En 1982, Japan se sépare et il semble peu probable que la musique de Barbieri puisse retrouver un nouveau tremplin dans un autre groupe. Et pourtant, il officie aujourd’hui dans la formation à succès de Steven Wilson, j’ai nommé Porcupine Tree. Bref, une reconversion réussie pour ce claviériste aux multiples talents.
Aujourd’hui, si nous vous parlons de Richard Barbieri, c’est avant tout pour évoquer la sortie de son album solo Stranger Inside. L’ensemble est entièrement instrumental et les compositions sont toutes développées autour d’un son, de quelques accords de piano, d’un jeu de synthés ou autres objets à touches blanches et noires.
Avec Cave, le morceau qui ouvre l’album, RB nous replonge immédiatement dans ses amours de jeunesse en inondant le morceau de sons et de rythmiques électroniques, une partie de son talent qui ne peut pas réellement s’exprimer dans PT. Cette ambiance électronique, presque « DJ » se répercute sur plusieurs morceaux de l’album tels que Hypnotek et Byzantium.
L’autre facette de l’album (façon de parler) est un peu plus mélodique. À commencer par le très mélancolique All Fall Down où quelques accords au piano viennent alléger le tout. Citons également le plus intimiste Abyssn où le tempo électronique s’efface pour laisser place à de larges plages de claviers planants, emportant une musique répétitive douce et mélancolique.
L’album se clôture alors sur Retina Blur qui, s’il n’était pas signé Richard Barbieri aurait très bien pu sonner comme un morceau de Japan époque Oil on Canvas. A tel point que l’on s’imagine déjà la voix chaude et hors du commun de David Sylvian alourdir un peu plus le côté sombre et léger du morceau.
Pour conclure, ce disque est à réserver aux amateurs du genre. Inutile de vous jeter dessus si vous êtes un fanatique des projets de Steven Wilson, ce Stranger Inside n’a strictement rien à voir avec No-Man, Porcupine Tree et le reste. Richard Barbieri en est revenu à ses amours de jeunesse et à l’époque où Japan écumait le monde en y déversant sa musique planante qualifiée de « néo-romantique ». Ceux qui se sont recueillis et vécus des moments d’émotions sur des mélodies tels que Nightporter seront quant à eux plus que satisfaits.