Ce qui devait être une reformation exceptionnelle en Novembre 2001, pour participer à un concert de soutien au victimes des attentats du 11 Septembre, déboucha finalement sur la reprise de la carrière de Twisted Sister. Pourtant, en dehors de « Still Hungry » qui n’était que le ré-enregistrement du mythique « Stay Hungry », Dee Snider et sa bande avaient privilégié les performances scéniques à la production de support audiovisuelles. C’est donc peu dire que ce « Live At The Astoria » arrive comme le messie pour les fans du légendaire combo US, d’autant qu’il jumèle CD et DVD.
Pourtant, nous étions en droit d’attendre un peu plus après tant d’années. En effet, non seulement le CD n’est, ni plus ni moins, que la bande son du DVD amputée de la plupart des discours tenues par Dee Snider et Jay Jay French, mais en plus, le DVD se présente comme un simple concert sans aucun bonus de quelque sorte qu’il soit ! Bien sûr, et nous y reviendrons plus longuement, la performance scénique est impeccable, mais cela ne suffit pas à compenser notre frustration. Impossible de croire que le groupe et son label ne possèdent aucun document vidéo qui aurait pu étoffer cette livraison tant attendue. Pas d’interview, ni de séquence backstage ou sur la route et c’est une réelle déception.
Une fois cette contrariété passée, il est temps de se concentrer sur ce qu’il reste, à savoir un concert sous forme de best-of concernant les 4 premiers albums de Twisted Sister, ceux qui ont fait la légende du groupe. Tous les tubes sont présents et repris en chœurs par un public qui mange dans la main du maître incontestable des lieux : Dee Snider. Le géant blond est impressionnant, que cela soit vocalement ou physiquement. Il arpente la scène dans tous les sens, sautille sur les titres les plus entraînants et harangue la foule lors de discours où la ponctuation est régulièrement remplacée par “ fuck ”. A ses côtés, Mark Mendoza justifie son surnom de “ The Animal ”. Il faut le voir maltraiter sa basse en cognant dessus des ses bras de bûcheron ou projetant son pied de micro au sol. Du coup, bien qu’étant très mobiles, Eddie Ojeda et Jay Jay French semblent un cran en retrait derrière ces deux monstres. Les deux guitaristes se partagent les soli. French est plus “ poseur ” et nous gratifie d’un solo dans le dos sur « Under The Blade », mais les interventions d’Ojeda sont les plus propres.
L’image est de qualité et les plans sont parfaitement équilibrés dans leur rythme, ni trop statiques, ni trop rapides dans leurs enchaînements. Ceci nous permet de voir un groupe qui maîtrise parfaitement son sujet. Si la scène est dépouillée, la mise en scène est parfaite. “ Good evening ! Welcome To Our Show !” déclame Dee Snider pour lancer les hostilités dans une semi-obscurité déchirées par quelques éclairs. L’effet est réussi et les lights sont également parfaitement utilisés pour créer une ambiance inquiétante sur le malsain « Burn In Hell ». Mais le charismatique frontman n’a besoin d’aucun artifice pour faire ce qu’il veut d’un public qui ne demande qu’à réagir à ses instructions. “ 18 years later… Did you missed us ? We missed you !” glisse t’il entre « Under The Blade » et le puissant « Destroyer ». Quoi de mieux pour se mettre une assistance dans la poche. Et de faire sauter le public sur « Like A Knife In The Back » ou sur l’hymne « I Wanna Rock », au point qu’il finit par se faire dépasser par les spectateurs qui entament les paroles de « The Price » avant lui. Dernier grand moment, lors d’un rappel lancé par « Come Out And Play » : Dee Snider joue avec le public sur l’hymne « S.M.F. ». Un long break permet la présentation de chaque membre du groupe et l’explication de ce titre légendaire où l’Astoria chante en chœur “ I’m a Sick MotherFucker ! ”. Le concert prend fin sur un dernier lancé de pied de micro par Mendoza et, alors que le groupe salue le public, nous découvrons un A.J. Pero au tour de taille “conséquent ”.
C’est donc une performance impeccable, voire enthousiasmante qui nous est proposée et qui justifiera la clémence de notre note. Car pour le reste, il y a à redire. L’intérêt du cd est à prouver, d’autant qu’il est handicapé par un son moyen et indigne d’un tel groupe, surtout qu’il reprend exactement la même setlist. Quant à l’absence de bonus, nous l’avons déjà déplorée plus haut. « Live At The Astoria » reste cependant un bon moyen de découvrir Twisted Sister pour ceux qui ne connaîtraient pas cette légende. Pour les autres, il est également l’occasion de posséder une trace visuelle d’une de ces incontournables prestations live d’un groupe qui prend toute son envergure sur scène.