Je ne sais pas si le groupe « It Bites » évoque quelque chose dans votre mémoire musicale, mais si c’est le cas, c’est que vous avez été capable de vous propulser plus de 20 ans en arrière. En effet, ce groupe anglais formé très tôt en 1982 aurait connu son heure de gloire outre manche vers 1986. Malgré la méconnaissance de ce groupe, leur appartenance au label « Inside Out » pouvait susciter d’emblée la curiosité.
L’histoire veut que le groupe ait splitté en 1989 pour se reformer seulement en 2006 avec trois des quatre membres originaux : la nouvelle recrue étant John Mitchell, connu pour avoir été le guitariste de « Arena » et « Kino ». Avec cette nouvelle configuration « The Tall Ships » est le quatrième album de leur discographie, même si près de 20 ans le sépare du précédent album studio.
L’album annonce la couleur avec de belles harmonies vocales : ce sera d’ailleurs une particularité de certains titres de l’album qui portent l’effort sur la mise en place de délicates couches de chœurs un peu partout.
La galette bénéficie d’une bonne production. L’apport des claviers est assez ambivalent : les sonorités sont tantôt modernes comme dans certains passages de « Oh My God », enrichissant le propos musical du groupe, tantôt vraiment trop trempées dans le parfum des années 80. Le titre « Ghosts », par exemple, est relativement énergique et bien rythmé au début mais il est ensuite desservi par des sons de synthés un peu trop vieillots sur le refrain…
Le son général est assez « british », mixant le rock à des ambiances pop. Pour conforter l’affiliation britannique, j’ai été assez frappé par les arrangements vocaux qui m’ont immédiatement fait penser à ce que faisait Queen : « Playground », « This Is England ». D’ailleurs, on notera une harmonie vocale inspirée (volontairement ou involontairement) par « Bohémian Rhapsody » vers la onzième minute de « This Is England ».
Outre les spécificités propres que le groupe semble cultiver, telles que les arrangements vocaux, l’équilibre des instruments, le mélange rock/pop, les sonorités de claviers fleurant les années 80, l’album est axé sur du rock progressif de bonne facture.
Parmi les titres les plus intéressants de l’album, citons « The Wind That Shakes The Barley » avec son break instrumental, ses duos guitare/clavier et ses chœurs trafiqués (le titre le plus progressif de l’album), ainsi que « This Is England » avec ses superbes harmonies vocales à la Queen et son break instrumental. A coté de ces réussites, on peut déplorer un manque de réalisme et d’inspiration sur des morceaux comme « The Talls Ships » qui fait un peu trop dans la ballade commerciale et « Great Disaster » avec ses « Oh, Hey, Oh… » franchement très cucul…
Au final, « It Bites » nous propose un rock progressif bien équilibré, mixant quelques touches de pop, des chœurs grandiloquents, des mélodies accrocheuses, une ambiance british et des sonorités provenant des années 80. Si vous vous reconnaissez dans tout ça, plus particulièrement dans le côté années 80, foncez !