Conseil du chroniqueur qui découvre 10 nouveaux albums par semaine : ne jamais, grand Dieu jamais, pousser le potentiomètre de son ampli à fond avant d'appuyer sur la touche "play" lors de la première écoute d'un album. Cette erreur de débutant, je l'ai commise avec l'album "Innervisions" de Tadashi Goto et cela a failli mettre un terme définitif à mes activités de mélomane.
Assis sur mon siège, il m'a fallu attendre la fin du premier morceau avant d'arriver à trouver la force de me lever et baisser le volume. Car en entrée en matière, Tadashi Goto nous propose une avalanche de synthés aux sons plus kitchs que jamais, une boite à rythme essayant d'imiter le jeu de Mike Portnoy, des guitares agressives à souhait et un ton général metal fusion rappelant, par son intention uniquement, Liquid Tension Experiment.
Et pendant une heure, l'avalanche va continuer, emportant tout sur son passage, avec la puissance d'un 35 tonnes lancé à 160 km/h et la finesse d'un hippopotame en colère. S'intercaleront régulièrement quelques moments de répit tellement décevants qu'on se prendra à souhaiter le retour de l'avalanche, priant pour qu'elle nous ensevelisse définitivement et nous libère de l'épreuve.
Résumons donc le propos : Tadashi Goto offre un metal-progressif fusion instrumental mettant en avant une guitare agressive aux riffs acérés, des claviers aux sonorités tantôt risibles, tantôt insupportables, souvent les deux en même temps, le tout soutenu par une boîte à rythme qui ferait passer Mike Portnoy pour le maître de la batterie expressive. Et toute cette armada (leit-motiv oblige) est au service de mélodies à la mièvrerie rare ou de sonorités insupportables ("Inner Circle" effectuant l'exploit de concentrer les deux aspects sur seulement 4 minutes).
Ne boudons pas notre déplaisir, il arrive aussi à Tadashi Goto de faire dans le sentimental, comme en témoigne par exemple "Werther Effect" qui, en termes de références, évoque le résultat improbable d'un mariage entre Richard Clayderman et une groupie de John Petrucci.
Certes, on discernera quelques bonnes idées, comme le riff de "Never Free" qui aurait pu donner un bon morceau s'il avait été exploité correctement et avait bénéficié d'une production digne de ce nom. Ou encore "The Deepest Depression" le mal-nommé puisqu'il s'agit d'un des rares morceaux qui ne nous plongent pas en état dépressif.
Vous ne connaissiez pas Tadashi Goto ? Alors vous pouvez continuer à vous abreuver de la dernière perle que vous avez découverte et utiliser sans complexe un joker sur ce "Innervisions". Si certains attendent la suite, qu'ils se rassurent, je leur laisserai le privilège de se pencher dessus.