Groupe atypique à plus d'un titre, Maybe nous fait le coup du phœnix en renaissant pour sortir un premier album près de 35 ans après sa création !! Oui, vous avez bien lu, les débuts de Maybe remontent à la première moitié des 70's, si ce n'est pas un atypisme ça ! Une autre particularité de ce jeune 'ancien groupe' bordelais est la présence d'une diseuse de texte...
Si les compositions de l'Automate remontent à la jeunesse du trio fondateur, les paroles ont été modifiées pour être plus dans l'air du temps, car en 35 ans beaucoup de choses ont changé... ou pas ! Patricia Capdevielle pose donc des mots intemporels dont la recherche pourrait sembler désuète, mais qui sentent bon les idéaux post soixante-huit.
L'album débute sur un titre instrumental judicieusement nommé "Ouverture" qui donne un aperçu du genre musical et de la classe des musiciens. La guitare est l'instrument central et s'exprime dans un quasi solo permanent. Les sonorités ne sont pas modernes et l'on ne peut s'empêcher de lorgner vers les grands anciens que sont Ange ou Atoll.
Les plages sont longues (de 6'39 à 12'53) et se succèdent en gardant une homogénéité dans le style, mais en amenant chaque fois un petit plus croustillant dans la partie finale. Ainsi, "Eclair du temps" part sur un swing à la Wishbone Ash à 1'50 de la fin, "Des êtres nouveaux nous habitent" s'achève sur un long solo de guitare qui tourne à la valse fellinienne dans l'ultime minute, alors que les accents orientaux mêlés de vocalises arabisantes de "Tranche de folklore" peuvent égratigner l'oreille de l'auditeur manquant de réceptivité.
Le jeu vocal de Patricia sera sûrement un point de discorde entre les défenseurs et les détracteurs de Maybe car la dame vient du théâtre et, si elle ne chante pas les textes, c'est pour mieux les déclamer. Les vocalises qu'elle lance par moment, comme dans la partie médiane de "l'Automate", ne sont pas sans rappeler les errances kobaïennes de la clique à Vander. Pour le reste, que dire de ce rock progressif 'old school' bien interprété ? Les parties guitares flamboient en s'enchevêtrant dans les arpèges de claviers 'vintage' et le seul reproche que je pourrais faire concerne des transitions ardues qui semblent ne pas glisser sans accroc. Pour être complet, je ne peux pas passer sous silence le travail discrètement efficace de la section rythmique dont la basse pourrait sans doute être un peu plus favorisée sans mettre en péril l'équilibre des compositions.
Un bilan fort positif pour ce premier album d'une formation d'anciens débutants (ou de jeunes vétérans, je vous laisse le choix de la désignation). Maybe nous offre un bon moment de rock progressif, tout en se ménageant une marge de manœuvre pour un futur opus encore plus abouti et plus dans l'air du temps. En attendant, je vous conseille fortement de prêter une oreille attentive à l'Automate et d'aller voir Maybe en live dès la première occasion : satisfaction garantie.